La Grèce a touché, hier, un chèque de 14,5 milliards d'euros des autres pays de la zone euro pour faire face à une échéance de sa dette de 9 milliards, hier, selon des responsables du ministère des Finances tenus à l'anonymat. Elle avait déjà reçu 5,5 milliards du Fonds monétaire international (FMI) la semaine dernière, dans le cadre de l'aide d'urgence. Ce prêt de 20 milliards d'euros fait partie de l'enveloppe de 110 milliards d'euros sur trois ans débloquée par l'Union européenne (80 milliards) et le FMI pour éviter la faillite de la Grèce et la déstabilisation de toute la zone euro. Athènes s'était déclaré dans l'incapacité de rembourser sa dette s'il ne recevait pas une aide financière d'urgence. Pour obtenir ces prêts, le gouvernement de centre-gauche de Georges Papandréou a dû donner des gages de bonne conduite budgétaire avec un programme de diminution radicale du déficit qui passe par des réductions de salaires pour les fonctionnaires, des coupes claires dans les retraites, l'augmentation de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée) pour tout le monde et des promesses de lutte efficace contre la corruption endémique. Le plan de rigueur a déclenché des grèves générales et manifestations dans tout le pays. Les dernières se sont soldées par trois morts le 5 mai. Notons par ailleurs que les ministres des Finances de la zone euro se sont dits préoccupés lundi par la chute rapide de l'euro et ont promis de redoubler d'efforts pour réduire leurs déficits afin d'enrayer la crise de confiance qui continue d'ébranler l'Union monétaire. Pour ne rien arranger, le mécanisme sans précédent de 750 milliards d'euros de prêts et de garantie de prêts décidé le 10 mai, pour les pays de la zone euro qui auraient des difficultés à emprunter sur les marchés financiers, peine à être finalisé. M. Juncker a dû convoquer une nouvelle réunion des ministres des Finances de la zone euro pour vendredi afin de boucler "les détails techniques". Toutefois, selon des sources diplomatiques, de longues et difficiles discussions ont eu lieu lundi soir à ce sujet à Bruxelles, notamment entre l'Allemagne et la France. M. Juncker a lui-même reconnu à demi-mot qu'un des points difficiles portait sur le fait que certains pays demandent que leurs Parlements nationaux approuvent à chaque fois le déblocage des garanties, si un pays de la zone euro venait à faire appel au mécanisme. La Finlande serait dans ce cas mais selon une source diplomatique l'Allemagne aurait aussi longuement évoqué cet aspect lundi soir. Pour le reste, afin de restaurer la confiance, les grands argentiers ont rivalisé de déclarations pour promettre des efforts accrus visant à renforcer la surveillance budgétaire et la discipline commune dans l'Union monétaire, mise à mal par l'explosion des déficits nationaux depuis des années. Les ministres des Finances se sont dits ainsi prêts à discuter d'une initiative controversée visant à soumettre à partir de 2011 leurs projets de budget respectifs à un examen européen, avant même qu'ils ne passent devant les Parlements nationaux. Cette proposition présentée la semaine dernière par la Commission européenne, est "vertueuse", a estimé Jean-Claude Juncker. La mesure, qui vise à l'avenir à empêcher des dérives comme celles qu'a connues la Grèce, a pourtant suscité des critiques en Europe, en particulier de parlementaires nationaux inquiets que leur souveraineté nationale pour voter le budget soit remise en cause. Certains pays, Allemagne en tête, sont déterminés à aller plus loin. Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a évoqué l'idée de faire inscrire dans la constitution des autres pays de la zone euro un plafond pour les déficits, comme l'a fait l'Allemagne l'an dernier. "C'est une question" qui doit être discutée et qui fait partie des leçons éventuelles à tirer de la crise, a-t-il dit. R.I.