Au vu de ces nouvelles images, difficile de croire que l'impact de la marée noire sur l'environnement sera "très très modeste". C'est pourtant ce que n'a pas hésité à dire le directeur général de BP, responsable de cette catastrophe écologique, dans le Golfe du Mexique. Mais les faits sont là : des centaines de bateaux, des milliers de personnes mobilisées et la fuite n'a pas encore été colmatée. Reste le système de tuyau sous-marin servant à pomper le pétrole. "Environ 1 500 à 2 000 barils sont collectés par jour grâce au tube", explique le Secrétaire américain à l'intérieur, Ken Salazar, "des tests sont effectués afin de mesurer l'importance de la fuite." Car ce que les autorités américaines craignaient depuis plusieurs jours s'est produit mardi. Les premières boulettes de pétrole ont été découvertes dans la station balnéaire de Key West, poussées par les courants marins. Du pétrole échappé de la plateforme qui a explosé et sombré à 1.600 mètres de profondeur est entré dans le "loop current". Ce courant circule dans le sens des aiguilles d'une montre dans le golfe du Mexique, puis s'échappe par le détroit de Floride en direction de l'Atlantique. Déjà menacés par la marée noire, les récifs de corail devront également résister aux plus de 2 millions de litres de produits chimiques utilisés pour disperser le pétrole. Si ces derniers permettent de maintenir la nappe d'hydrocarbure sous la surface de la mer, contribuant ainsi à la protection des espèces vivant en surface et sur les côtes, ils augmentent sensiblement la menace qui pèse sur les récifs situés en eau profonde. Or, ces récifs sont considérés comme des indicateurs-clés de la santé de la mer. D'après Bernard Chapron, chercheur à l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), maintenant que le pétrole est entré dans le loop current, "il devrait atteindre la Floride d'ici six jours". La firme pétrolière BP a annoncé mardi qu'elle arrivait désormais à récupérer 2.000 barils de pétrole par jour grâce au tube d'1,6km de long utilisé pour limiter la fuite d'un puits dans le Golfe du Mexique. Dans un communiqué, BP annonce que les volumes récupérés chaque jour ont désormais doublé par rapport au début des opérations dimanche. Le directeur opérationnel de BP Doug Suttles a dit que la compagnie espérait pouvoir récupérer ainsi environ la moitié du pétrole qui s'échappe du puits depuis l'explosion de la plate-forme de forage le 20 avril dernier. BP estime que l'équivalent de 5.000 barils s'échappe chaque jour du puits, même si les autorités américaines juge qu'il s'agit au mieux d'une estimation approximative. Des chercheurs qui ont étudié des images de la fuite craignent que le volume ne soit bien supérieur. Dimanche, les équipes ont posé un tube d'1,6km de long pour collecter, d'abord lentement puis en quantités de plus en plus importantes, le pétrole craché par le puits.