Le secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal Annaba, M. Smain Kouadria, a annoncé, jeudi, lors d'une conférence de presse, la nécessité de la nationalisation de l'entreprise. "Nous lançons un appel pressant à nos gouvernants pour la nationalisation du complexe sidérurgique d'El Hadjar, des mines de Tébessa et des différentes filiales cédées en 2001 au groupe indien ArcelorMittal à hauteur de 70% des actifs", rapporte le journal électronique TSA. Dans l'édition d'hier. La majorité des 6 000 travailleurs du complexe qui sont représentés par leurs élus du conseil syndical ont approuvé cet appel. Il traduit l'exaspération des salariés du complexe. La direction et le syndicat sont en désaccord sur de nombreuses questions socioprofessionnelles inscrites dans la plateforme des revendications du 9 mai 2010, citant à citer à titre d'exemple, les filiales des mines de l'Ouenza et de Boukhadra, à Tébessa, qui sont sujettes à de sérieuses agitations. Elles sont le résultat de profondes divergences entre la direction, le syndicat. La plus pressante étant l'augmentation des salaires, prévue sur l'avenant n° 1 de la convention de branche. Ce statu quo pourrait s'alourdir par l'entame d'une grève illimitée. "Nous avons demandé à l'inspection du travail d'entamer une procédure de conciliation. En cas de désaccord, il n'y aura pas de préavis de grève. Le débrayage sera aussitôt entamé. Les habitués des bons offices doivent réagir dans les 5 jours qui suivent à partir d'aujourd'hui. Après, il sera trop tard. Rien ne pourra arrêter les travailleurs si ce n'est la satisfaction totale de leurs revendications", a annoncé Smaïn Kouadria, approuvé par la totalité des membres du syndicat de l'entreprise. Le conférencier envoie un message très clair à la direction du complexe en l'avertissant que les travailleurs ne reculent pas quant à leur décision d'arrêt de travail. Par ailleurs, la direction, représentée par son directeur général, a insisté qu'elle doit être vigilante dans sa gestion financière afin de mieux maintenir l'équilibre général de l'entreprise. L'irritation des travailleurs est aussi liée au fait que 1 200 d'entre eux, sur les 7 200 en poste début 2009, ont été licenciés ou ont quitté l'entreprise sans être remplacés. "ArcelorMittal recrute du personnel étranger dans un cadre très douteux pour des missions à même d'être efficacement accomplies par des Algériens. Deux cent autres travailleurs doivent partir prochainement dans les mêmes conditions", a averti le SG du syndicat. A cet effet, Smaïn Kouadria accuse ouvertement la direction. "D'un côté notre employeur refuse d'augmenter les salaires des travailleurs conformément aux décisions de la tripartite et à la convention de branche. De l'autre, il paie mensuellement à un bureau de consulting suisse des centaines de milliers de dollars pour des prestations de service qui n'existent pas réellement", poursuit- il. Il a dévoilé des éléments concrets pour justifier ses accusations, comme de vraies fausses factures en dollars dont des exemplaires ont été remis aux représentants de la presse. Elles ont été établies mensuellement durant sept mois pour un montant global de plus de 6 millions de dollars par un bureau de consulting installé en suisse. D'après le secrétaire du syndicat de l'entreprise, il s'agit de prestations de service fictives qu'ArcelorMittal Annaba a sciemment réglées. Une vingtaine de contrats de travail pour des agents et cadres étrangers appelés à occuper des postes imaginaires ou loin de nécessiter des compétences étrangères. Selon ce même syndicaliste, ces machinations ont été effectuées avec la complicité de l'Anem d'Annaba. "Il est étonnant que les services compétents ne se soient pas inquiétés de toute cette situation. Certaines portent atteinte à l'économie nationale, d'autres à la politique de l'emploi prônée par notre gouvernement. Des personnes étrangères sans niveau ou sans compétence réelle profitent de la complaisance intéressée de l'Anem pour se faire recruter", a ainsi ajouté le SG du syndicat. Il est à rappeler que le directeur d'ArcelormMittal Annaba ne reconnaît pas son associé initialement établi, en l'occurrence Transolb, qui est la société de gestion des participations, la convention collective et de branche et les dispositions légales du ministère du Travail, se déclarant ainsi un hors la loi qui ne respecte pas la réglementation régissant le travail en Algérie. Il est aussi caduc de continuer d'argumenter, de la part de ce même patron, sur les difficultés financières de son entreprise, après cette nouvelle divulgation quant aux pratiques commerciales jugées malsaines par le syndicat, surtout lorsque la direction a déjà annoncé que l'usine est à l'arrêt par manque de commandes. Reste à savoir jusqu'à quand ces volte-face de la part de la direction d'ArcelorMittal résisteront à la grève générale et illimité des travailleurs.