Les travailleurs appellent à la nationalisation du complexe et n'écartent pas le spectre d'une grève illimitée. La situation se corse au sein du complexe sidérurgique de El Hadjar, dans la wilaya de Annaba (ArcelorMittal). La menace de grève reste présente. Le conflit opposant la direction du complexe et le syndicat des travailleurs n'est pas près de s'estomper. Intervenant au cours d'une conférence de presse avant-hier, le secrétaire général du syndicat d'ArcelorMittal, Smaïn Kouadria, menace de passer à l'action en déclenchant une grève illimitée. «Nous avons demandé à l'inspection du travail d'entamer une procédure de conciliation. En cas de désaccord, il n'y aura pas de préavis de grève. Le débrayage sera aussitôt entamé. Les habitués des ´´bons offices´´ doivent réagir dans les 5 jours qui suivent à partir d'aujourd'hui. Après, il sera trop tard. Rien ne pourra arrêter les travailleurs si ce n'est la satisfaction totale de leurs revendications», a déclaré M.Kouadria. Une déclaration approuvée à l'unanimité par les membres du syndicat. Le syndicat d'ArcelorMittal enfonce le clou. Il a appelé à la nationalisation du complexe en question. Cet avis a été partagé par près de 60.000 travailleurs, selon la même source, qui précise: «Nous lançons un appel pressant à nos gouvernants pour la nationalisation du complexe sidérurgique d'El Hadjar, des mines de Tébessa et des différentes filiales cédés en 2001 au groupe indien ArcelorMittal à hauteur de 70% des actifs.» En l'absence d'un terrain d'entente entre les deux parties, cet appel risque d'envenimer davantage la situation. Selon, la même source, le climat d'instabilité plane toujours dans les filiales des mines de l'Ouenza et de Boukhadra à Tébessa. A l'origine de ce conflit, les revendications socioprofessionnelles insatisfaites. Celles-ci ont trait à l'augmentation des salaires et aux mesures d'accompagnement liées à la mise à la retraite, a précisé M.Smaïn Kouadria. Il a ajouté que la direction générale d'ArcelorMittal Annaba «ne reconnaît pas et refuse les acquis obtenus par les travailleurs lors de la dernière tripartie Gouvernement-UGTA-Patronat et rejette les dispositions prévues par la convention collective de branche issue des négociations entre le SGP-Transolb et les fédérations UGTA du secteur industriel». Le même syndicaliste soutient que la direction générale a «opéré un revirement total de sa position initiale par rapport aux décisions qu'elle a prises lors des réunions du 11 et 20 avril dernier à Alger». Le conflit a débuté lorsque 1200 travailleurs sur les 7200 en poste ont été licenciés ou quitté l'entreprise sans être remplacés. «ArcelorMittal recrute du personnel étranger dans un cadre très douteux pour des missions à même d'être efficacement accomplies par des Algériens. Deux cents autres travailleurs doivent partir prochainement dans les mêmes conditions», a affirmé M.Kouadria. La direction générale d'ArcelorMittal avait pour sa part soutenu, à l'issue d'une récente rencontre avec le syndicat d'entreprise qu'un accord collectif (pacte d'entreprise) a été signé avec son partenaire syndical, le 7 juillet 2009. Cet accord qui court jusqu'à la fin 2010, régit en particulier les conditions d'évolution des salaires et indique les performances à atteindre, notamment en matière de productivité. Pour rappel, les travailleurs de ce complexe sidérurgique avaient observé, en janvier dernier, un arrêt de travail qui avait duré 9 jours, le syndicat réclamant alors le lancement du plan d'investissement et la réhabilitation de la cokerie.