Les réductions des émissions de gaz à effet de serre d'un projet peuvent générer des revenus additionnels, sous forme de "crédits carbone". Ainsi, les émissions réduites peuvent être monétisées. Le mécanisme de développement propre (MDP) créé, dans le cadre du protocole de Kyoto, permet cette approche économique de la compensation des réduction des rejets gazeux sous forme de valeurs monétaires. En effet, ce mécanisme de la finance du carbone a comme objectif premier de réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial, en contribuant à la préservation de la planète des effets néfastes du changement climatique, tout en générant parallèlement des revenus supplémentaires. Pour l'Algérie, qui recèle un énorme potentiel dans ce domaine, les exemples de projets à développer dans ce sens ne manquent pas, mais elle n'a pas daigné proposer des projets MDP. "Aucun projet n'a été présenté à l'Autorité nationale désignée" a indiqué Mme Ait Saïd, représentante de cette autorité récemment installée, qui s'occupe des mécanismes de développement propre au niveau du ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du tourisme. En effet, lors d'un atelier qui s'est tenu, hier, à l'hôtel Hilton (Alger), sur la finance carbone et consacré aux "mécanismes du développement propres et leurs avantages socioéconomiques", la représentante de l'AND a expliqué le rôle de cette autorité dans le choix des projets éligibles, selon les critères définis dans le cadre de la réglementation internationale ainsi que ceux relevant de la stratégie nationale du développement durable. En outre, cet atelier co-animé par M. Gautier Le Maux, représentant du leader mondial de la finance carbone "Orbeo", qui est une joint-venture entre le groupe Société Générale et Rhodia, a rappelé les profits que peuvent générer les projets de développement propre. "Le marché carbone, qui représente près de 100 milliards d'euros dans le monde, est en augmentation en dépit de son essoufflement suite à l'échec du sommet de Copenhague" a expliqué M. Le Maux, avant d'ajouter que les recettes carbone sont un bonus pour les organismes voulant intégrer dans leurs projets la notion du "développement propre" a-t-il estimé, en énumérant les exemples de projets à développer dans ce sens, en Algérie. Il s'agit, selon lui, des cimenteries, des décharges publiques des municipalités, des énergies renouvelables et du secteur des hydrocarbures. "L'Algérie doit investir dans ce marché prometteur et générateur de devises et qui permet de diminuer les coûts des projets" a-t-il recommandé, en précisant que le groupe " Orbeo " a une solide expérience et expertise dans la gestion et la mise œuvre des projets MDP. "C'est dans l'optique de prospecter le marché algérien que la joint-venture, tente de faire connaître les mécanismes de développement propre" a confié M. Le Maux, en marge de l'atelier. Il faut dire que les accords de Kyoto ne font pas obligation à l'Algérie de réduire ses émissions de gaz à effet de serre, néanmoins, elle est présentée comme pionnière dans l'enfouissement des gaz torchés résultant de l'exploitation des énergies fossiles. Dans ce sens, selon les critères d'éligibilité d'accès au marché carbone international, prônés par la réglementation internationale, le cas des gaz torchés d'Arzew ainsi que le projet de la décharge publique de Oued Samar qui est en voie de réalisation, remplissent amplement les critères. Ne serait-ce qu'à les soumettre à la l'AND pour notification d'attribution, estiment les experts financiers présents à l'atelier.