La Russie et l'Algérie ont intérêt à garantir la stabilité des prix et des fournitures de gaz aux consommateurs européens, a déclaré, vendredi dernier, le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, M. Mohamed Bédjaoui. " Le cartel gazier est une initiative qui ne vise personne ", a-t-il souligné. Le diplomate algérien a rappelé qu'il existait en Europe des cartels de consommateurs. " La Russie fournit 26% du gaz consommé dans les pays membres de l'Union européenne, et l'Algérie en livre 11%. Pourquoi ne devrions-nous pas réfléchir à la façon dont nous pourrions servir nos clients avec plus d'efficacité ? ", a-t-il dit. De son côté, le chef de la diplomatie russe a corrigé l'interprète en précisant qu'il ne s'agissait pas de la mise en place d'un cartel gazier. " Il s'agit du droit légitime des producteurs de gaz d'harmoniser leurs actions en vue de rendre plus fiables les fournitures de gaz aux consommateurs ", a indiqué Sergueï Lavrov. Il a souligné que cette initiative s'inscrivait parfaitement dans le concept approuvé au sommet du G8 de Saint-Pétersbourg qui prévoyait de garantir la sécurité aussi bien de l'offre que de la demande. " Nous respectons consciencieusement ce concept. Quelqu'un tente de le réécrire, mais nous nous y opposons catégoriquement ", a-t-il insisté. M. Mohamed Bédjaoui est arrivé en fin de semaine à Moscou, sur invitation de son homologue russe, Sergueï Lavrov. Les deux hommes ont discuté de l'état et des perspectives de développement des rapports russo-algériens, dont très particulièrement l'application des ententes conclues en mars 2006 lors de la rencontre en Algérie des présidents Poutine et Bouteflika. " Après avoir été accueilli à la fin 2005 en terre hospitalière de la République algérienne démocratique et populaire, il m'est très agréable de recevoir à Moscou mon collègue, le ministre algérien des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui ", a dit le ministre russe des Affaires étrangères lors de la rencontre. "Au cours de notre entretien, nous avons constaté la progression des relations russo-algériennes, y compris un travail intense, en vue de mettre en œuvre les ententes conclues au récent sommet, quand le président Poutine s'est rendu en Algérie et a mené des pourparlers très importants avec son homologue algérien, M. Abdelaziz Bouteflika ", a souligné M. Lavrov. Il a ajouté : " les quarante-cinq ans de relations diplomatiques entre nos deux pays constituent la preuve des rapports de partenariats stratégiques dans les domaines politique, économique, commerciale, énergétique et autres ". Nous avons fixé des démarches destinées à promouvoir les rapports entre la Russie et l'Algérie, a poursuivi, le chef de la diplomatie russe, ajoutant qu'"avant tout, il s'agit de diversifier la nomenclature des échanges commerciaux, étendre les contacts directs entre les milieux d'affaires des deux pays et affermir la base juridique de la coopération ". Il espère que des décisions concrètes supplémentaires seront, à cet effet, adoptées au cours de la prochaine visite en Algérie du premier ministre russe, a encore souligné M. Lavrov. Les deux parties, selon les médias russes, ont également examiné la situation en Proche-Orient, au Maghreb et en Irak ainsi que le programme nucléaire de l'Iran. Les problèmes du continent africain ont été également passés en revue par les deux délégations. Selon des diplomates russes, de nombreuses ententes ont été conclues dans les domaines de l'énergie, de l'économie, des hautes technologies ainsi que dans le domaine militaire. Le mémorandum sur la coopération prévoyant des projets gaziers et pétroliers communs, en Russie en Algérie et dans les territoires de pays tiers, ont été signés lors du voyage, en janvier 2007, du ministre de l'Industrie et de l'Energie de Russie en Algérie. Le mémorandum a une grande signification pour une meilleure coordination dans les questions relatives à l'énergie ", a remarqué le porte-parole officiel du ministère des Affaires étrangères de Russie. Le degré de coopération entre la Russie et l'Algérie dans le domaine de l'énergie, a été également évoqué par M. Mohamed Bedjaoui. Interrogé par un journaliste sur la possibilité de former un cartel gazier engageant la Russie et l'Algérie, il a déclaré : " pourquoi pensez-vous que nous sommes en train de créer une espèce de conjuration entre les clients de la Russie et de l'Algérie. Au contraire, il est de notre intérêt à tous de pouvoir, dans le cadre des concertations trouver la stabilité des prix, la sécurité des approvisionnements ". Il est tout à fait normal, dira encore le diplomate algérien, que l'on s'entende entre pays producteurs pour qu'on échange des points de vues, " mais, il s'agit de quelque chose qui n'est dirigée contre personne ". Il rappellera que la Russie fournit à l'UE européenne 26% de sa consommation de gaz, vient ensuite l'Algérie avec 11%. "Nous pourrions peut-être envisager la possibilité d'offrir du gaz algérien aux pays européens les plus proches et permettre à la Russie d'offrir du gaz pour les pays qui sont les plus proches d'elle ". Il y a, d'après M. Bedjaoui, des questions de livraison et d'autres techniques. Il rappellera la création d'une agence de l'énergie des pays consommateurs. Dans ce contexte, M. Bedjaoui s'interroge en disant "pourquoi reprochez-vous seulement aux producteurs une idée, qu'ils n'ont pas, de créer un cartel, alors qu'il y a des cartels de consommateurs ". " Soyons sérieux, nous ne voulons pas créer de cartel ", souligne encore Bedjaoui. Le ministre russe des Affaires étrangères a soutenu son collègue algérien en notant qu'il est du droit légitime des pays producteurs de gaz de concentrer leurs actions afin d'assurer au maximum les livraisons à leurs consommateurs. M. Lavrov a relevé que tout cela s'inscrit dans la conception approuvée au sommet du G8 à Saint-Pétersbourg et qui prévoyait de garantir en plus de la sûreté de l'offre, celle de la demande.