Une conférence, organisée à Paris, les 8 et 9 juin, a réuni la Directrice générale du Groupe de la Banque mondiale et des membres des gouvernements français, suisse et sud-africain pour discuter des moyens à mettre en œuvre pour la lutte contre la corruption. En effet, jusqu'à 40 milliards de dollars sont dérobés chaque année aux pays en développement du fait d'actes de subornation, de détournements de fonds publics et d'autres formes de corruption. Il est également à noter qu'en cette période de difficultés économiques mondiales, des acteurs de la lutte contre la corruption sont venus du monde entier et se sont réunis à l'occasion de cette conférence afin de concerter leur action contre le pillage des pays en développement et de soutenir les efforts entrepris contre le vol des avoirs et les refuges pour les biens mal acquis. En outre, les participants réclament plus de transparence et une application efficace de l'obligation de vigilance à l'égard de la clientèle de la part des institutions financières. " Chaque année, du fait des actes de corruption, les pays en développement perdent des milliards de dollars, et cet argent trouve refuge sur les places financières internationales ", déplore Ngozi Okonjo-Iweala, Directrice générale du Groupe de la Banque mondiale. " Ces pratiques favorisent et encouragent la mondialisation de la corruption. " Par ailleurs, Selon les estimations de la Banque mondiale, les pays en développement pourraient, avec 20 milliards de dollars, financer la construction de 48 000 kilomètres de routes revêtues à deux voies, le traitement de première ligne, pendant une année complète, de 120 millions de personnes atteintes du VIH/SIDA, ou encore l'approvisionnement en eau sous conduite d'environ 50 millions de ménages. Ainsi, pour sa part, Mme Christine Lagarde, ministre française de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi, a relevé que, " la corruption, au même titre que la violence ou les actes de barbarie, doit être éradiquée". Il s'agit " d'un enjeu du développement économique " en appelant à ne jamais abandonner et à poursuivre le combat en référence à la restitution des avoirs volés et à la nécessité pour la société civile de rester vigilante. Elle a appelé, ainsi, à une grande transparence et régulation du secteur financier. Cependant, lors d'une session exceptionnelle de la conférence, Mmes Lagarde et Okonjo-lweala s'exprimaient en disant que " Pas de refuge pour les biens mal acquis ". A ce propos, plusieurs participants ont souligné la nécessité pour les institutions financières d'appliquer de façon efficace leur obligation de vigilance à l'égard de la clientèle et d'adopter des mesures préventives pour empêcher le blanchiment des fonds détournés. La corruption est également apparue comme un obstacle majeur à l'investissement, que les entreprises responsables doivent s'efforcer d'éliminer. Dans le même contexte, certains intervenants ont également suggéré que les questions de corruption et de restitution des avoirs volés soient placées en haut de l'agenda international, notamment dans la perspective du prochain sommet du G-20, qui doit se tenir fin juin à Toronto (Canada). C'est notamment ce qu'a souhaité Mme Okonjo-Iweala lors de son allocution d'ouverture de la conférence : " Lorsque les dirigeants mondiaux se retrouveront à l'occasion des réunions du G-20 et d'autres forums au cours des semaines à venir pour discuter de la crise économique, des plans de relance et de la régulation financière, la lutte contre la corruption et les vols d'avoirs devra figurer en tête de leurs préoccupations ". Quant au ministre sud-africain de la Justice, M. Jeffery Thamsanga Radeb il a indiqué, dans son intervention, que la résolution du problème des vols d'avoirs est très importante pour les pays en développement, car cela détourne des ressources qui pourraient être utilement employées, " Une action collective est indispensable pour faire en sorte que les criminels ne trouvent pas de refuges. " ajoute-t-il. Il est également important de faire savoir que plusieurs experts ont souligné le fait que le problème de la corruption ne se limite pas aux pays en développement, les produits de la corruption trouvant souvent refuge sur les places financières des pays développés. Dans ce sens, comme l'a fait remarquer Mo Ibrahim, à l'origine de la Fondation Mo Ibrahim, engagée dans les questions de gouvernance en Afrique, " pour qu'il y ait corruption, il faut au moins deux personnes. Vous ne pouvez pas accomplir un acte de corruption tout seul ". Un avis que partage la ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey : " Parce que nous sommes tous l'une des causes du problème, nous devons aussi être tous un des éléments de la solution. Nous devons collaborer pour faire en sorte que la corruption cesse d'entraver le développement. "