La réunion des ministres arabes, iranien et pakistanais des Finances, à Beyrouth, sera un cadre approprié pour une meilleure coordination. A quoi sert l'argent alloué par la Banque mondiale et le Fonds monétaire international aux pays sous-développés ? Une question récurrente, relancée notamment à l'occasion des révélations faites, jeudi dernier, par un sénateur américain, lors d'une audition de témoins et d'experts de l'aide au développement devant la commission des relations extérieures du Sénat En effet, Richard Lugar qui fait état de malversations, indique que la corruption a coûté quelque 100 milliards de dollars à la Banque mondiale qui finance des projets d'aide au développement dans les pays pauvres. Selon d'autres experts, quelque 5 à 25% des 525 milliards de dollars prêtés par la Banque mondiale depuis 1946 ont été détournés, ce qui «équivaut à une somme entre 26 milliards et 130 milliards de dollars» Toutefois, un représentant de la Banque mondiale, tout en rejetant la somme avancée par le responsable américain, a tenu à rappeler que l'institution financière était consciente du problème de la corruption et qu'elle travaillait a son abolition. La Banque mondiale, estime le sénateur américain «a participé, le plus souvent passivement, au détournement d'environ 100 milliards de dollars des fonds prévus pour les crédits d'aide au développement» Cette institution financière internationale qui conditionne tout soutien aux pays en voie de développement par l'instauration, par ces derniers, d'un système démocratique, et par ricochet, de bonne gouvernance, a publié récemment une liste de 180 noms de sociétés, associations ou individus interdits de coopérer avec l'institution dans le cadre de cette lutte contre la corruption. Par ailleurs, dans son dernier rapport consacré aux pays du Maghreb et du Moyen Orient, la Banque mondiale avait mis l'accent sur la mauvaise utilisation des fonds mobilisés. Un verdict justifié par le manque de transparence dans la gestion des fonds publics, l'opacité dans la conclusion des marchés publics et le retard accumulé dans la réforme du système financier, l'une des raisons majeures de la fuite des investisseurs étrangers. C'est justement l'un des objectifs du Gafi (Groupe d'action financier sur le blanchiment de capitaux) qui, à l'occasion du renouvellement, hier, de son mandat à Paris, a indiqué qu'il continuera à élaborer des normes antiblanchiment de capitaux et antifinancement du terrorisme dans le contexte d'un système financier de plus en plus sophistiqué'' Il s'agit à travers ces actions d'intensifier la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. A noter que le Gafi qui travaille avec le Fmi et la Banque mondiale, oeuvre pour son ouverture vers les pays non membres afin que ses recommandations soient appliquées au niveau mondial. Par ailleurs, la réunion des ministres Arabes, iranien et pakistanais des finances, prévue les 19 et 20 mai prochains à Beyrouth, et organisée par le ministère libanais des Finances et le Fonds monétaire international, doit discuter des politiques financières à mettre en oeuvre pour parer à toute velléité de corruption. Elle constituera sans nul doute un cadre approprié pour une meilleure coordination entre les institutions financières internationales et les pays bénéficiaires pour la meilleure utilisation des crédits alloués.