Les politiques anti-crise mises en place par les gouvernements du G20 ont jusqu'à présent coûté quelque mille milliards de dollars (816 milliards d'euros), selon une étude publiée lundi par l'OCDE et la Cnuced (ONU). "Treize pays continuent à comptabiliser des actifs et des passifs liés à l'héritage des plans d'urgence", indique le rapport commun publié par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) et la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). A quelques jours du prochain sommet du G20 prévu à Toronto (Canada) les 26 et 27 juin, l'étude qui fait un état des investissements effectué par les vingt premières économies mondiales entre novembre 2009 et mai 2010 estime que "cet héritage des mesures d'urgence est grand". "Le montant total des engagements publics -- à travers des actions, des prêts et des garantis -- en date du 20 mai 2010 dépassait les mille milliards de dollars", précise-t-il. Aussi, l'OCDE et la Cnuced appellent les pays du G20 à mettre un terme aussi rapidement que possible à leur plan de sauvetage et à s'attaquer d'urgence à des réformes en profondeur de la finance, vitales pour une vraie reprise économique. Partant du constat que les politiques anti-crise avaient dans leur grande majorité contribué "à une plus grande ouverture et transparence pour les investisseurs étrangers", le rapport met toutefois en garde contre "certaines mesures d'urgence destinées à limiter les effets de la crise" qui "menacent les flux internationaux d'investissements". En conséquence, "nous demandons aux gouvernements (qui les maintiennent) de mettre un terme à leurs mesures d'urgence de façon prudente mais aussi rapidement que possible", a expliqué lors d'un point de presse une responsable de la division investissements de l'OCDE, Kathryn Gordon. "Nous leur demandons également de faire des progrès sur une plus vaste réforme financière", a-t-elle ajouté, relevant que la catastrophe financière dans laquelle le monde est plongé depuis deux ans, "porte potentiellement préjudice à tous les aspects de l'économie, y compris les investissements internationaux". La perte de confiance dans les marchés fragilise toutes les mesures politiques qui peuvent être engagées, a-t-elle encore relevé insistant sur la nécessité de lancer "des réformes en profondeur" pour la finance. Un tel pas contribuerait à "ramener la confiance sur les marchés économiques et financiers" et "aurait des effets très bénéfiques pour les investissements étrangers également", a encore fait valoir l'économiste. Le rapport de la Cnuced estime qu'après une année catastrophique en 2009 (avec une chute des IDE de 40%), les investissements directs étrangers (IDE) devraient remonter la pente cette année "quoique modestement". Les experts relèvent ainsi des "incertitudes persistantes" sur les modalités de la reprise et souligne qu'en tout état de cause, les IDE mettront du temps à retrouver leurs niveaux d'avant-crise. Par ailleurs, l'OCDE et la CNUCED félicitent les pays du G20 de s'être abstenus d'ériger de nouvelles barrières protectionnistes à l'investissement entrant, mais soulignent que la vigilance reste de mise concernant les mesures d'urgence prises pour remédier à la crise économique qui constituent toujours une menace à la concurrence et à l'investissement international. Toutefois, à l'heure où les États démantèlent leurs programmes d'aide d'urgence et vendent les actifs financiers rachetés pendant la crise, ils doivent veiller à le faire à un rythme adéquat et ne pas se servir de la crise " comme prétexte pour pénaliser directement ou indirectement certains investisseurs, y compris étrangers. " " Tant que la reprise économique sera fragile et le chômage élevé, les pressions protectionnistes perdureront ", a déclaré le Secrétaire général de l'OCDE Angel Gurría. " Les pays doivent tenir bon et maintenir l'ouverture aux échanges et à l'investissement international afin de stimuler leur économie. " La plupart des mesures concernant l'investissement prises de novembre 2009 à mai 2010 vont dans le sens d'une libéralisation des flux de capitaux internationaux ou d'une plus grande transparence réglementaire, selon l'OCDE.