Les pays en développement font tout pour attirer plus d'investissements étrangers dans les secteurs qui doivent permettre une durabilité de la création de richesse. Les pays du Maghreb, comme tous les pays du Sud attachent une considération accrue aux investissements directs étrangers ( IDE ). En fait, ces derniers sont souvent considérés comme un moyen infaillible pour atteindre une croissance économique durable. Mais le lien entre IDE et développement économique n'est pas facile à démontrer. Malgré cela, les pays maghrébins se lancent dans une stratégie d'accélération des IDE, en lançant des offres plus attractives pour les pays du Nord de la Méditerranée afin qu'ils installent les projets d'investissement européens au Maghreb. Il faut dire qu'en dépit, de la coopération instaurée dans le cadre du processus de Barcelone et des différents partenariats qui lient les pays maghrébins et européen, la densité et la diversité des investissements européens dans la région demeure toujours faible. En effet, selon de prestigieux experts intervenant au séminaire sur " Le Maghreb dans l'économie mondiale : défis et opportunités ", organisé à Paris par l'Institut français des relation internationales ( IFRI ), lundi dernier, cités par le quotidien éconostrum, les investissements directs étrangers (IDE) présentés souvent par les pays du Maghreb comme un objectif principal à atteindre et une solution pour la création d'emplois, ne sont pas près de constituer la panacée. " Les IDE restent faibles et volatiles " estime Mouhoud El-Mouhoub, professeur d'économie à l'Université Paris-Dauphine et "leurs effets à long terme limités ". Industrie textile, centres d'appel et même hydrocarbures ne sont pas des secteurs suffisamment solides en termes d'investissements durables. " La question essentielle est comment attirer les IDE dans les services " poursuit Mouhoud El-Mouhoud. Une évolution dans ce sens ne peut être attendue que de l'Europe, partenaire dominant de la rive Sud de la Méditerranée, probablement pour longtemps encore. Car, malgré leur hausse spectaculaire ces dernières années, les investissements de la Chine, de l'Inde et des pays du Golfe au Maghreb restent marginaux par rapport à ceux de l'Union européenne (UE) et des Etats-Unis. Ils comptent à peine pour 10% des 8,5 mds d'IDE vers le Maghreb en 2009. En effet, rappelle Françoise Nicolas, directrice du Centre Asie, à l'IFRI, seulement 3,8% des IDE chinois dans le monde se font en Afrique, pour un montant de 4,5 mds$, dont 8,8% pour l'Algérie, 2,9% pour l'Egypte et 0,7% seulement vers le Maroc. Quant aux IDE indiens, là aussi, seulement 12% se font en Afrique (3,4 mds$). Quelque 1% de cette proportion se fait au profit du Maroc, après la Libye (3%). Comme partout ailleurs, les Chinois investissent essentiellement dans les hydrocarbures en Algérie et en Libye, puis dans les infrastructures, tandis que l'Inde privilégie la pharmacie, les cosmétiques et les logiciels. Quant aux pays du Golfe, leurs IDE sont déjà en retrait depuis 2009 et les annonces de montants substantiels n'ont pas nécessairement été suivies de réalisations. En outre, plusieurs intervenants au séminaire de l'IFRI ont souligné que la capacité des pays du Maghreb à attirer et absorber les investissements étrangers reste conditionnée à des réformes structurelles.