A trois jours du sommet de Toronto, et le jour même où Londres présentait son plan d'austérité, les gouvernements français, britannique et allemand ont annoncé, dans une déclaration commune, leur volonté d'instaurer dans les trois pays un nouveau prélèvement. Objectif : " Garantir que les établissements bancaires contribuent à la hauteur des risques auxquels ils exposent le système financier et l'économie en général et les encourager à apporter les ajustements nécessaires à leur bilan pour réduire ces risques ".La démarche des trois capitales vise à influencer les pays du G20 les plus réticents, jusqu'ici, à l'adoption d'une pareille taxe, parmi lesquels l'Australie et le Canada, dont les systèmes bancaires ont traversé sans grands dommages la crise financière. Le ministre des Finances canadien, Jim Flaherty, a toutefois semblé plus prêt au compromis dans une interview parue hier dans le " Globe and Mail " : " Je veux vraiment voir le G20 s'entendre sur la façon d'avancer, il est important d'être collégial ", a-t-il déclaré. Parmi les pays en développement, le Brésil, la Chine et l'Inde ont aussi manifesté de fortes réticences. Les ministres des Finances du G20 n'avaient pas réussi à s'entendre, au début du mois, sur une taxe commune. Paris, Londres et Berlin ont précisé que " les modalités précises de chaque taxe pourront varier en fonction du contexte et de la fiscalité de chaque pays, mais le niveau de prélèvement tiendra compte, dans tous les cas, de la nécessité de garantir des conditions équitables ". Le ministre de Finances britannique a inclus hier dans son plan de rigueur une taxe qui devrait rapporter, selon ses prévisions, 1,15 milliard de livres en 2011, 2,32 milliards en 2012, et jusqu'à 2,4 milliards en 2014. Bercy a précisé hier que le gouvernement français présenterait son propre mécanisme dans le projet de loi de Finances pour 2011, qui doit être officialisé fin septembre. Berlin, pour sa part, avait révélé dès le mois de mars les grandes lignes de son propre dispositif, qui doit rapporter 1,2 milliard d'euros par an. Les recettes de la taxe allemande seront affectées non pas au budget général mais à un fonds destiné à pallier les effets de futures crises du système financier. Le projet de loi doit être adopté par le cabinet Merkel au cours de l'été. Le projet défendu par l'Europe pourrait rapporter quelques centaines de millions à un milliard d'euros en France. La Grande-Bretagne vise 2 milliards de livres par an. En France, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a confié au Wall Street Journal que la mesure devrait rapporter un milliard d'euros au budget de l'Etat, à partir de 2011. Le ministère des Finances a rectifié et évoque un gain de quelques centaines de millions d'euros. En outre, Bercy affirme que la taxe, assise sur le bilan des banques, figurera dans le projet de loi de finances de 2011. Aucune précision supplémentaire n'a cependant été apportée sur le taux d'imposition, l'assiette précise ou les recettes exactes attendues. L'idée d'une taxe bancaire a fait du chemin ces derniers mois. L'objectif est de faire payer aux banques le coût des risques qu'elles prennent et qu'elles font peser sur l'ensemble du système économique et financier. Si les trois pays européens sont sur la même longueur d'ondes, il est en revanche peu probable qu'une taxe bancaire voit le jour au niveau international. A trois jours de l'ouverture d'un sommet du G8, suivi d'un sommet du G20, de nombreux pays, comme le Canada, s'y sont déjà opposés. Christine Lagarde a cependant plaidé pour que tous les pays du G20 fassent au moins entrer en vigueur les recommandations en faveur de la modération des primes dans le secteur financier.