La lutte contre les déficits publics est une priorité. Mais comment ne pas plomber la croissance ? Question cruciale pour de nombreux pays dont la France, engagés dans une diète sévère. Le FMI donne ses recettes pour ne pas casser la machine. "Les économies avancées font face à un défi : mettre en oeuvre des stratégies d'ajustement budgétaire sans saper la reprise économique qui est encore fragile". Constat en forme d'évidence pour deux responsables du Fonds monétaire international : Olivier Blanchard, économiste en chef du Fonds, et Carlo Cottarelli, directeur du département des affaires budgétaires du FMI. Ceci posé, comment trouver la quadrature du cercle ? Tous deux s'en expliquent sur un blog de l'organisation internationale. Notant que la réduction des déficits est "la clef d'investissements privés élevés et de la croissance à long terme", les deux hommes ajoutent que "trop d'ajustements pourraient aussi entraver la croissance, ce qui n'est pas un risque mineur". Et ils détaillent les "dix commandements" qui devraient selon eux guider les politiques de réduction des déficits des gouvernements des pays développés. L'enjeu n'est pas mince. Les spécialistes souhaitent guider les Etats dans la "mise en œuvre des stratégies d'ajustement budgétaire sans pour autant mettre en danger la reprise économique encore fragile". Or cette question est loin d'être consensuelle au sein des membres du G20: l'Europe privilégie la rigueur budgétaire alors que les Etats-Unis favorisent davantage le déploiement de plans de relance pour soutenir la croissance. La Bible du FMI est ainsi à la croisée des chemins. Les économistes jugent que la réduction des déficits est "la clef d'investissements privés élevés et de la croissance à long terme", mais les deux hommes estiment également que "trop d'ajustements pourraient aussi entraver la croissance, ce qui n'est pas un risque mineur". De fait, le premier commandement repose sur la nécessité de disposer d'un "plan budgétaire crédible à moyen terme, avec un point d'ancrage visible (qu'il s'agisse d'un rythme moyen d'ajustement ou d'un objectif budgétaire à atteindre sous trois ou quatre ans)". La deuxième règle d'or est que les Etats doivent appliquer leurs mesures graduellement. "Tu auras pour objectif une baisse du rapport de la dette au PIB, pas simplement sa stabilisation à des niveaux d'après-crise", souligne le troisième commandement. Le quatrième précepte invite les Etats à mettre l'accent sur la réduction des dépenses, plus efficace aux yeux des auteurs pour assurer à la fois la réduction du déficit et la croissance. Par ailleurs, les deux hommes écrivent "tu adopteras rapidement des réformes des retraites et de l'assurance maladie car la tendance actuelle n'est pas viable". Le sixième commandement appelle chaque gouvernement à être "juste". Les septième et huitième points de ce décalogue invitent à "de grandes réformes pour doper la croissance" et à "renforcer [les] institutions financières". En outre, les deux derniers commandements prônent la coordination: entre la politique monétaire et la politique budgétaire, et entre les différents Etats. Reste à savoir si la main de l'institution supranationale permettra aux membres du G20 de trouver un terrain d'entente sur la politique budgétaire à suivre. Au vu des divergences actuelles, seul un miracle semble en mesure de faire aboutir à des mesures concrètes et consensuelles à l'issue du G20.