La Banque des règlements internationaux, un organisme international qui regroupe les principales banques centrales de la planète, dit craindre une nouvelle récession comme celle qui a frappé la planète en 2008-2009. Le rapport annuel de la BRI affirme que cette nouvelle crise découlerait des forts niveaux d'endettement des États-Unis et de plusieurs pays européens, tandis que la précédente avait été causée par l'endettement des particuliers. Le document ajoute que les responsables doivent s'assurer que la croissance est durable et non seulement alimentée par des taux d'intérêts impossiblement bas dans le monde développé. "Conjugués aux vulnérabilités qui subsistent dans le système financier, les effets secondaires des soins intensifs (à l'économie mondiale) appliqués sur une période aussi longue ne sont pas sans créer des risques de rechute", a souligné la BRI dans son rapport annuel. La banque centrale des banques centrales a fait valoir que "les programmes de soutien aux marchés et aux établissements ont créé une dépendance dont le système financier risque d'avoir des difficultés à s'affranchir". Elle a également estimé que l'économie mondiale est fragilisée par les risques qui pèsent à nouveau sur les banques menacées par une crise de l'immobilier commercial qui pourrait bien provoquer de nouvelles pertes dans le secteur financier. Au lendemain de la crise financière en 2008, les Etats sont venus au secours des banques avec des plans de soutien massifs. Ils ont également injecté des milliards pour relancer leurs économies touchées de plein fouet par la crise des "subprime". Les instituts d'émission ont pour leur part réduit leurs taux directeurs, qui se situent actuellement proches de zéro, pour soutenir l'économie. La crise de la dette qui a secoué l'Union européenne début mai n'a fait que rendre la situation budgétaire encore plus difficile. "La stimulation budgétaire alourdit sans cesse une dette publique qui, dans plusieurs pays, suit désormais une trajectoire manifestement intenable", a ajouté l'institut d'émission. La seule issue à cette situation est d'amorcer très rapidement le processus de sortie des plans de soutien, qui pèsent sur les budgets des Etats. Si un resserrement de la politique monétaire peut encore attendre, la BRI a ainsi souligné l'"urgence" d'assainir les budgets publics, comme cela a été annoncé par plusieurs pays européens. "Ces mesures risquent d'avoir (...) des effets négatifs sur la croissance, mais y renoncer exposerait à une perte soudaine de confiance du marché - ce qui serait bien pire", a averti l'institut de Bâle. Le directeur général de la BRI, Jaime Caruana, a toutefois apporté de l'eau au moulin des chefs d'Etat et de gouvernement réunis pour un G20 ce week-end à Toronto et qui ont recommandé des mesures de relance différentes pour chaque pays. "L'ampleur des problèmes budgétaires et la situation des systèmes bancaires variant selon les économies, il n'existe pas de remède universel", a reconnu M. Caruana devant la presse. Réagissant également aux mesures annoncées pour réduire les déficits publics et la dette des Etats, le patron de la BRI a souligné qu'elles "ne sont jamais faciles à prendre", saluant "le courage des gouvernements qui se sont attelés à cette tâche". Concernant les taux de change, M. Caruana a encore une fois fait écho au G20 en appelant à "une plus grande flexibilité" qui permettrait de "renforcer la demande intérieure dans certaines économies émergentes", une allusion à la Chine qui a promis d'assouplir le cours de change du yuan. Pékin a fixé lundi le cours pivot de la monnaie chinoise à 6,7890 yuans contre le dollar, au plus haut depuis des années.