Photo : M. Hacène De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Les crises renouvelées du ciment sont-elles provoquées ? la majorité des intervenants doutent fort que ce «manège» ne réponde pas à un plan de spéculation sur cette matière de base très demandée sur le marché en cette période de lancement de projets de chantiers dans le secteur du bâtiment et des travaux publics. Les entrepreneurs et autres constructeurs individuels en Kabylie sont soumis à un marché du ciment et des autres agrégats des plus aléatoires, marqué par des cycles de crises à répétition, provoquant d'énormes retards dans la réalisation des projets de construction et des programmes de développement des autres secteurs qui accumulent déjà plusieurs reports de délais de leur livraison. Ils sont tout le temps maintenus sous tension, attendant, sous la pression des maîtres d'œuvre et des bénéficiaires, l'approvisionnement improbable du marché. Ne pouvant supporter longtemps cette grande tension sur les matériaux de construction, le ciment principalement, certains entrepreneurs ont même décidé d'abandonner carrément leurs chantiers acceptant ainsi toutes les pénalités possibles et se promettent de ne plus s'engager dans les «aventures» du bâtiment et des travaux publics. A Tizi Ouzou, en l'espace de quelques jours, le prix du quintal du ciment ballote entre 1 445 DA et 1 050 DA, (il coûterait environ 670 DA TTC le quintal en vrac), selon des entrepreneurs que cette «instabilité des prix» qui se répercute sur le coût des projets, inquiète tout autant que la disponibilité du matériau.«Le marché du ciment est complètement déréglé ! Nous assistons à des fermetures simultanées dites «temporaires», presque guidées, des cimenteries importantes qui approvisionnent le marché local du ciment basées à Sour El Ghouzlan (Bouira), Meftah (Blida) et Msila. Il y a un décalage de quelques heures seulement entre la fermeture des cimenteries. Dès que la cimenterie X est mise à l'arrêt, le lendemain la cimenterie Y déçoit sa clientèle», affirme F. Rabah, jeune responsable d'une entreprise de bâtiment sise à Maatkas, au sud de Tizi Ouzou. «La clientèle apprend le jour même la décision de fermeture des cimenteries qui se fait ainsi sans préavis», se plaint-il. «Nous dépendons d'une offre créée au gré des responsables des cimenteries, de ce fait nous ne pouvons rien promettre quant au respect des délais de réalisation de nos chantiers ; en plus des surcoûts onéreux qu'engendrent la mobilisation au-delà du programme tracé des salariés, des engins de bâtiment et du transport qui tournent à blanc. Les reports sont légion dans notre domaine», ajoute-t-il. Dans ces cas, le client ne comprend pas et n'accepte pas donc les «indispensables augmentations» du prix de réalisation de son chantier parce qu'entre-temps, «l'offre a chamboulé la demande», justifie-t-on. «Des entrepreneurs se rabattent même sur le marché noir et font ainsi le jeu des spéculateurs», témoigne un autre intervenant dans le secteur. Le règlement durable de la question des agrégats se pose avec acuité dans une Kabylie aux prises avec tous les maux du sous-développement économique et social. L. S. Construction des cimenteries pour faire face à la demande croissante Pour la réalisation des projets contenus dans le programme quinquennal 2010-2014, les besoins en ciment et en matériaux de construction de manière globale s'annoncent importants. La régulation de ce marché s'impose donc à la lumière des crises récurrentes que connaît ce produit. De même pour l'augmentation de la production. Déjà qu'elle est insuffisante dans certaines régions du pays à l'image de l'est où elle est actuellement de l'ordre de 9 millions de tonnes par an contre une demande oscillant entre 10 et 11 millions de tonnes. Pour faire face à la demande croissante, l'on compte beaucoup sur l'apport des cimenteries en constructions comme celle de Djelfa qui doit produire 3 millions de tonnes par an. D'un coût global de 18 milliards de dinars, cette cimenterie financée conjointement par la Banque extérieure d'Algérie (BEA) et la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (CNEP-Banque) au profit d'Asec Algérie contribuera à l'approvisionnement du marché en ce produit fortement demandé. Globalement l'on s'attend à ce que la production nationale du ciment atteigne à l'horizon 2013-2014 20 millions de tonnes par an. Pour rappel, la production du secteur public, au titre de l'exercice 2008-2009, a été de 11,5 millions de tonnes et les unités de l'Est ont réalisé 50% de ce chiffre.