Le président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet a déclaré vendredi qu'il ne partageait pas l'idée selon laquelle des réductions drastiques et simultanées des dépenses publiques dans la zone euro pourraient entraîner une nouvelle récession. Les autorités américaines plaident pour un maintien des mesures de relance afin de consolider le mouvement de redressement de l'économie mondiale. Plusieurs économistes et universitaires se sont également inquiétés des plans d'austérité adoptés par la Grèce et plusieurs autres pays de la région, craignant qu'ils ne freinent une reprise encore timide dans la zone euro. "Nous (la BCE) sommes totalement contre cette idée que la réduction des dépenses publiques va gêner la croissance économique", a déclaré Jean-Claude Trichet à l'occasion d'une conférence organisée par le Centre d'études financières de l'Université Goethe de Francfort. La BCE a redit jeudi s'attendre à une reprise modérée et irrégulière au sein de la zone euro après avoir maintenu ses taux directeurs inchangés. Jean-Claude Trichet a souligné vendredi qu'il était trop tôt pour proclamer la fin de la crise financière. "Les événements de ces derniers mois ont montré clairement qu'il était encore trop tôt pour déclarer la crise terminée", a-t-il dit. Il a salué la mise en oeuvre en cours de tests de résistance ("stress tests") sur les banques européennes, en soulignant qu'ils contribueraient au processus de reprise. "Ces tests vont accroître la transparence et améliorer la confiance des investisseurs dans le secteur bancaire européen", a-t-il dit. Jean-Claude Trichet a indiqué auparavant prévoir toujours une croissance économique modérée et inégale en zone euro en 2010, dans un environnement "d'incertitudes élevées". Le niveau des taux d'intérêt reste ainsi "approprié", a-t-il poursuivi, soulignant également l'absence de pression inflationniste à moyen terme. Le conseil des gouverneurs a décidé jeudi de conserver le principal taux directeur à 1%, son niveau depuis mai 2009. Evoquant le programme controversé d'achat d'obligations publiques entamé en mai par la BCE pour aider les pays en détresse budgétaire, il a estimé que le besoin d'intervention par l'institution semblait "avoir progressivement diminué" et noté une "tendance pour le marché secondaire à fonctionner un peu mieux" ces derniers temps. Les économistes s'attendent en moyenne à une croissance du PIB de 0,4% au deuxième trimestre par rapport au premier mais la reprise européenne pourrait ensuite marquer le pas du fait des mesures d'assainissement des finances publiques mises en oeuvre dans la plupart des pays de la zone. Au premier trimestre, les deux principales économies de la zone euro, la France et l'Allemagne, ont enregistré une croissance de leur PIB de 0,1% et 0,2% respectivement par rapport au trimestre précédent. Le PIB de la Grèce, affectée par les conséquences de la crise sur sa dette souveraine, a chuté de 1% contre 0,8% précédemment annoncé. La croissance du PIB de l'Italie a quant à elle été ramenée à 0,4% contre 0,5% annoncé début juin par Eurostat. R.I.