L'occasion de la célébration de Journée mondiale de la population le 11 juillet de chaque année est propice à l'évaluation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) notamment en Afrique. C'est dans ce sens que Abdoul Kane, chef de la section de l'intégration régionale au bureau sous-régional de la Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique (CEA) à Yaoundé fait état dans une interview à Xinhua de progrès très mitigés en Afrique centrale. Un constat effarant à la veille d'un sommet mondial annoncé en septembre par les Nations Unies à New York pour l'évaluation des Objectifs du Millénaire pour le développement ( OMD) à cinq ans de l'échéance fixée en 2000. M. Kane a affirmé que l'Afrique centrale a réalisé "des évolutions positives sur les OMD relatifs à l'éducation, notamment au primaire, et également en ce qui concerne certaines parties d'autres OMD telles que la couverture vaccinale". Par contre, "sur la réduction de la pauvreté, les progrès sont très mitigés", a-t-il indiqué. "Nous en sommes encore à un taux de pauvreté d'environ 40 à 46% en Afrique centrale. Donc, nous sommes encore au-dessus de la moyenne continentale. Egalement en matière d'égalité des genres, les progrès restent encore à renforcer". En ce qui concerne la réalisation de l'OMD lié à la santé de la mère et de l'enfant en Afrique centrale, M. Kane a fait remarquer qu'"il y a eu très peu de progrès en matière de réduction de la mortalité maternelle et infantile". "Malheureusement, dans certains cas comme le Cameroun ou la RDC (République démocratique du Congo) on a même constaté des reculs. Ce qui interpelle davantage tous les acteurs du développement économique et de l'intégration en Afrique centrale, dans la mesure où c'est l'un des éléments essentiels des Objectifs du millénaire pour le développement", a-t-il noté. Interrogé sur les raisons de ces retards, l'officiel onusien a estimé qu'"il y a des facteurs généraux qu'on connaît tels que la récurrence des crises politico-militaires que l'Afrique centrale a connues au cours des deux dernières décennies, qui ont malheureusement détruit beaucoup d'infrastructures et affaibli beaucoup d'Etats dans leur capacité d'intervention ou de gestion des politiques de développement. C'est peut-être l'une des conséquences du désengagement des Etats dans les secteurs sociaux entre les décennies 80 et 90". Il a cependant ajouté que "nous pensons qu'avec les nouvelles approches qui ont été initiées depuis la crise alimentaire de 2008 il est permis d'espérer qu'une nouvelle impulsion sera donnée à ces politiques nationales et régionale en matière de santé publique". Notons que de son côté, le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon n'a pas raté l'ocasion du 11 juillet pour réaffirmer le fait que l'atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) suppose que ''chaque membre de la société'' puisse compter à travers notamment un recensement de la population. ''L'accès à des données fiables est l'une des conditions de la bonne gouvernance, de la transparence et de la responsabilité effective'', rappelle le SG de l'ONU dans un message rendu public en perspective de la célébration, dimanche, de la Journée mondiale de la population. A cette occasion, ''je demande à tous les décideurs, partout dans le monde, de faire en sorte que chaque membre de la société compte. Ce n'est qu'en prenant en compte les besoins de tous, femmes, hommes, filles et garçons, que nous parviendrons à réaliser les Objectifs du millénaire pour le développement et à défendre les valeurs communes des Nations unies'', dit-il. Selon le secrétaire général de l'ONU, les données démographiques ''aident les dirigeants et les responsables de l'élaboration des politiques à prendre des décisions en connaissance de cause en ce qui concerne les politiques et les programmes de lutte contre la pauvreté et la faim et à promouvoir l'éducation, la santé et l'égalité des sexes.'' ''Être compté, c'est être visible, ce qui est particulièrement important pour les femmes et les jeunes. Les données ventilées par sexe et par âge peuvent inciter les décideurs nationaux à tenir compte des droits et des besoins des femmes et des jeunes et contribuer à l'édification d'une société plus équitable et prospère.''