L'industrie et l'activité commerciale cinématographiques furent l'un des gros chapitres étudiés ce dimanche en conseil des ministres. Celui-ci a approuvé un projet de loi fixant les règles générales relatives à cette industrie. Qu'en est-il exactement ? Le texte en question a pour vocation de régir toute activité cinématographique, en ce sens qu'une œuvre doit nécessairement se conformer aux valeurs d'identité nationale en promouvant la paix, l'ouverture sur le monde et la tolérance. Autrement dit, ceux qui doivent donner leur aval à un scénario quelconque pour être financé puis réalisé, sont sensés veiller sur l'existence de ces valeurs là ; en traquant toute œuvre subversive ne respectant pas les directives morales instituées par décret. Mais encore, avant qu'un film n'atterrisse dans une salle sombre, ce projet de loi indique que sa projection à des fins non lucratives sera soumise à une autorisation du ministère de la Culture. C'est ce qu'on appelle d'ailleurs un visa d'exploitation, un visa existant il faut bien le noter, dans tous les pays du monde, et permettant à une œuvre filmique d'être diffusée, exploitée et distribuée en toute légalité. Concernant l'exploitation des salles de projection cinématographique, celle-ci sera selon ce décret soumise à un cahier des charges, pour semble t-il, éviter que des exploitants de salles diffusent des DVD au lieu de films en 35 mm. Pour ce faire, il faudrait installer des contrôleurs ce qui n'est pas évident. Avant même la diffusion d'un film quelconque, ce texte oblige le promoteur de l'œuvre à déposer auprès de l'instance chargée de la conservation cinématographique, une copie des films nationaux et étrangers diffusés dans le pays à l'expiration des droits d'exploitation, ainsi que des films déjà produits ou à produire relatifs à la guerre de Libération nationale. Les étrangers qui viennent tourner leur film en Algérie et selon ce même décret, doivent recourir à des collaborateurs nationaux, une manière d'aider les métiers du cinéma qui peinent à trouver preneur. Mais comme nous n'avons pas de studios fait pour ça, il est rare qu'un étranger s'aventure dans notre contrée pour les besoins d'un tournage quoique les endroits ne manquent pas et sont pratiquement gratuits contrairement à d'autres pays. Aide publique Les cinéastes se frotteront un peu les mains, mais pas tout à fait, car ce décret énonce une aide publique aux sociétés locales de production, de distribution, d'exploitation et de diffusion cinématographiques. Cela veut dire qu'un producteur de film autant qu'un exploitant de salles et distributeur peut bénéficier d'une enveloppe. Par ailleurs, ce décret qui ne fait pas référence au projet d'une école de cinéma comme voulu par les cinéastes prévoit en revanche un soutien à la formation aux métiers du cinéma, y compris l'octroi d'encouragements publics au profit des stagiaires. Cela va se faire à travers les cycles de formation ou encore pendant les festivals cinématographiques largement institutionnalisés à travers le pays. De plus, le président Abdelaziz Bouteflika a souligné que la régulation des activités liées au cinéma, participe de la volonté de I'Etat de concourir à la relance de cette industrie, dans le cadre des efforts publics pour la renaissance de la Culture nationale en général, et que de ce fait, cette nouvelle législation devra être suivie dès la promulgation de ses textes d'application. Le président de la République a encore une fois réitéré son engament pour aider toute œuvre cinématographique qui met en avant la lutte de libération nationale. Cette volonté a été d'ailleurs concrétisée par le film " Benboulaid ", "Zabana " dont l'un est déjà en bobine et l'autre en chantier, alors que le colossal projet de "L'Emir Abdelkader " nécessitant un enveloppe de 5 milliards de DA cherche toujours preneur. "La réalisation des films liés à la lutte de Libération nationale, fera quant à elle, l'objet d'un soutien du budget de l'Etat. " a promis le Président. Pour ce faire, le Président a d'ores et déjà chargé le gouvernement de mobiliser le concours de la production cinématographique et de celle de la télévision nationale, pour la proche commémoration du cinquantième anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, afin de mieux faire connaître aux nouvelles générations, le tribut versé par leurs aînés pour l'indépendance ainsi que les progrès réalisés par le pays depuis lors. Le Chef de l'Etat a enfin instruit le gouvernement de veiller à encourager la réhabilitation des salles de cinéma, tout en encadrant cette activité de sorte qu'elle respecte les valeurs de notre société et contribue sainement à l'épanouissement de la jeunesse. Une autre nouvelle qui ne peut qu'enrichir notre parc qui s'est réduit comme une peau de chagrin.