Acheter du blé devient plus coûteux pour les pays du Maghreb et du Moyen-Orient, premiers clients de l'Europe. Selon François Luguenot, responsable de l'analyse des marchés agricoles à l'union des coopératives InVivo, la sécheresse qui frappe actuellement la production de blé en Russie pèsera sur les rendements. Dans entretien qu'il a accordé au quotidien français le Monde, François Luguenot estime que la plupart des grands exportateurs de blé de l'hémisphère Nord revoient à la baisse leurs prévisions de récolte à l'exception des Etats-Unis. Le Canada, plusieurs pays de l'Union européenne, l'Ukraine, le Kazakhstan, ont été confrontés soit à des pluies trop abondantes soit à de fortes chaleurs. Pour la première fois depuis 2007-2008, les stocks mondiaux de blé pourraient se réduire. En tout cas ces prévisions semblent se confirmer sur le terrain. En effet, les prix du blé ont encore augmenté au cours de la semaine écoulée sur le marché à terme de Chicago, soutenus par les inquiétudes persistantes liées à la météo en dehors des Etats-Unis. En hausse depuis un mois, les prix du blé ont atteint des sommets jeudi, à leur plus haut niveau depuis 13 mois alors que le contrat le plus échangé a touché 6,10 dollars en séance. "Une série de problèmes sur l'offre liée à la météo" a soutenu le marché: "précipitations excessives au Canada qui ont découlé sur des niveaux élevés de surfaces non semées, un temps chaud dans certaines régions d'Europe et la sécheresse en Russie", a rappelé Sudakshina Unnikrishnan, de Barclays Capital, ajoutant que la possibilité que cela dure était élevée. Selon la ministre russe de l'Agriculture, Elena Skrynnik, quelque dix millions d'hectares de cultures ont déjà été détruits par la sécheresse en Russie, ce qui représente environ 20% des cultures du pays. "C'est l'évaluation des pertes des cultures de blé en Russie qui préoccupe le marché depuis deux semaines", a également rapporté Jason Roose, de US Commodities. "Toutefois, les courtiers européens continuent d'affirmer qu'ils ne sont pas à court de réserves pour les opérations de gré à gré", a-t-il précisé, les stocks actuels étant élevés. Le contrat de blé à échéance en septembre valait 6,01 dollars le boisseau (environ 25 kg) vendredi vers 15H05 GMT, contre 5,8725 dollars une semaine auparavant, portant sa progression à plus de 27% sur un mois. De leur côté, les prix du maïs se sont repliés et ceux du soja stabilisés, le climat étant au contraire plutôt favorable aux semis en pleine croissance dans le Midwest (centre des Etats-Unis). "Il fait chaud mais aussi humide. C'est pour cela que les échanges sont très heurtés", a expliqué Jason Roose.