Le gouvernement américain a reconnu vendredi que l'économie avait dû affronter des "vents contraires" et que les perspectives budgétaires restaient peu encourageantes, mais a toutefois abaissé son estimation du déficit 2010. "La situation économique est encore difficile. Trop d'Américains n'ont toujours pas d'emploi, et les perspectives budgétaires à long terme du pays ne sont pas supportables", indique la Maison blanche à l'occasion de l'examen annuel de mi-exercice du budget. Le gouvernement a réduit de 84 milliards de dollars, à 1.470 milliards de dollars, le déficit prévu pour 2010 par rapport à la précédente estimation, qui datait de février. Le camp républicain, qui espère reprendre le contrôle du Congrès lors des élections de mi-mandat en novembre, s'est aussitôt emparé de ces chiffres, y voyant la preuve que la politique économique du président Barack Obama ne fonctionnait pas. "Ce rapport confirme que notre dette nationale doublera dans cinq ans et triplera dans dix ans. Il confirme que nos déficits ne sont pas supportables", affirme le chef du groupe républicain à la Chambre des représentants, John Boehner, dans un communiqué. La croissance du produit intérieur brut est prévue à 3,2% cette année, puis 3,6% en 2011 et 4,2% en 2012. Le chômage devrait quant à lui reculer lentement pour retomber à 8,1% en 2012 et rester au-dessus de 6% jusqu'en 2015. Pour rappel, Les Etats-Unis ont accusé un déficit budgétaire record de 1.409 milliards de dollars pour l'ensemble de l'exercice 2008-2009, clos fin septembre, soit un peu moins que prévu, selon l'estimation du Bureau du budget du Congrès (CBO) publiée mercredi. Le déficit équivaut ainsi à 9,9% du PIB américain, du jamais vu depuis 1945, écrit le CBO dans son analyse mensuelle sur le budget. La Maison Blanche et le CBO avaient indiqué fin août qu'ils attendaient un déficit fédéral de 1.580 milliards de dollars pour l'ensemble de l'année budgétaire passée. Au cours de l'exercice écoulé, les comptes de l'Etat ont été affectés par la baisse des recettes fiscales provoquée par la crise, du fait du recul des revenus des entreprises et des ménages, et par la hausse des dépenses liées à la récession (relance budgétaire, hausse des prestations sociales et sauvetage d'institutions financières). Les recettes ont ainsi baissé de 17% par rapport à 2007-2008, pour ne représenter que 15% du PIB, soit leur niveau le plus bas en plus de 50 ans, écrit le VBO. Quant aux dépenses, elles ont fait le chemin inverse, augmentant de 18% pour atteindre presque 25% du PIB, leur niveau le plus haut en plus de cinquante ans, ajoute l'étude. Le CBO relève que "presque la moitié de la hausse des dépenses (245 milliards) a été le résultat de dépenses entraînées par" le plan de sauvetage du système financier promulgué début octobre 2008 et par les mesures prises pour sauver les organismes de refinancement hypothécaire parapublics Fannie Mae et Freddie Mac. Le Bureau estime par ailleurs que 200 milliards de dépenses supplémentaires ont été engendrées par le plan de relance budgétaire de 700 milliards de dollars sur trois ans promulgué mi-février par le président américain Barack Obama. En 2007-2008, le déficit budgétaire américain avait atteint 459 milliards de dollars, soit 3,2% du PIB. Pour l'exercice en cours, le Bureau du budget de la Maison Blanche table sur un déficit budgétaire de 1.502 milliards de dollars, soit 10,4% du PIB américain.