Dans un rapport publié lundi, l'Agence internationale de l'énergie invite la France à supprimer les tarifs réglementés de l'électricité et à poursuivre l'ouverture du marché à la concurrence. Les Français paient leur électricité trop bon marché. C'est en substance ce qu'indique le rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) publié lundi. En effet, l'agence considère que des tarifs régulés, comme il en existe en France, "s'ils ne reflètent pas le coût de production effectif, causent une distorsion de concurrence, ne poussent pas aux économies d'énergie ou à l'amélioration de l'efficacité énergétique et n'envoient pas les signaux nécessaires pour les investissements". Dans ses recommandations, l'organisation intergouvernementale pousse donc la France à "envisager la suppression des tarifs régulés pour les clients autres que les particuliers dans un premier temps et à travailler ensuite pour aller vers une tarification de marché pour tous les clients". "Alors que la production et la distribution d'électricité sont pleinement ouvertes à la concurrence, conformément aux directives européennes, la concurrence est en réalité plutôt limitée encore" en France, a déclaré Nobuo Tanaka, directeur exécutif de l'AIE lors d'une conférence de presse. "Parmi les obstacles au développement d'un marché effectivement concurrentiel, le plus important est le maintien de tarifs régulés qui coexistent avec des tarifs de marché", critique le rapport. Depuis le 1er janvier 2007 et l'ouverture du marché à la concurrence, EDF côtoie de nouveaux opérateurs. Mais 95% des Français ont choisi de garder les tarifs réglementés proposés par le fournisseur historique. Dans ses recommandations adressées à la France, l'AIE pousse cependant le pays à envisager leur suppression. Ce rapport ne prend cependant pas en compte le projet de loi "nouvelle organisation du marché électrique" (Nome), adopté en première lecture à l'Assemblée française en juin dernier. L'objectif est de réorganiser le marché de l'électricité entre EDF et ses concurrents. L'opérateur historique sera ainsi obligé de revendre 25% de sa production d'énergie à ses adversaires directs, tels que Poweo, Direct Energie, ou GDF Suez. Le texte prévoit de l'autre côté la fin des tarifs réglementés pour les moyennes et grandes entreprises. Il les pérennise en revanche pour les particuliers et les petites entreprises. Mais les prix devraient augmenter. La Commission de régulation de l'Energie (CRE) a estimé en juin dernier que cette loi pourrait provoquer entre 7% et 11% de hausse des tarifs réglementés. Le texte indique en effet que le prix de l'électricité doit couvrir "les coûts complets de production du parc électronucléaire (dépenses d'exploitation, dépenses d'investissement, charges nucléaires de long terme". Et c'est aujourd'hui loin d'être le cas.