La culture de la pomme de terre Amflora, premier OGM autorisé par la Commission européenne, ne présente pas de risque notable, selon les scientifiques du Haut conseil des biotechnologies (HCB), mais n'a qu'une utilité économique "limitée", selon un avis publié hier. Le comité scientifique du HCB indique que "les études de toxicologie entreprises n'ont pas identifié de risque majeur lié à la consommation du végétal". L'évaluation de l'impact sur la santé a été réalisée "en raison de l'utilisation possible de sous-produits dans l'alimentation animale, et fortuitement, dans l'alimentation humaine", précise-t-il. Le HCB a été saisi le 11 mars dernier pour avis par le ministère français de l'Agriculture. La pomme de terre OGM Amflora, mise au point par l'industriel allemand BASF, a été génétiquement modifiée pour produire un amidon (ou fécule de pomme de terre), enrichi en amylopectine, un composant utilisé en industrie, notamment pour la fabrication de papier, colles ou adhésifs. Le CS estime également que la présence d'un "gène de résistance à des antibiotiques" dans la pomme de terre "ne constitue pas un risque singulier pour l'environnement et la santé". Enfin, il souligne que les risques de dissémination de l'Amflora sont "limités" et donc, sa culture "ne constituerait pas de risque particulier pour l'environnement". En revanche, le Comité économique, éthique et social, l'autre composante du HCB, "diverge sur le sort à réserver, dans la décision politique, au gène marqueur de résistance aux antibiotiques". "Certains" préconisent "une précaution maximale" et donc l'interdiction d'Amflora, estimant que l'autorisation de cette pomme de terre "véhiculerait un message négatif au regard des efforts de prévention des résistances aux antibiotiques". Mais "d'autres invitent à prendre acte de l'absence de risque à laquelle concluent les scientifiques", indique le texte. En revanche, sur l'interêt économique de la culture d'Amflora, le CESS est d'accord pour établir que la pomme de terre "ne présente qu'une utilité limitée pour les acteurs des filières féculière et papetière française". Le gouvernement français, dans un communiqué commun des ministères de l'Ecologie, de l'Agriculture et de la Recherche, dit avoir pris connaissance de l'avis rendu par le HCB et se fondera sur ses "analyses détaillées" pour "prendre toute décision relative à la pomme de terre Amflora". A ce stade, note cependant le communiqué, "aucun opérateur ne souhaite développer cette culture en France". Les autorités françaises rappellent "par ailleurs qu'elles attendent l'application des conclusions unanimes du Conseil des ministres de l'Environnement de décembre 2008 sur le renforcement préalable de l'évaluation environnementale et socio économique communautaire et demandent qu'un bilan en soit présenté rapidement aux Etats membres".