Après une salve de mauvais indicateurs économiques en juin, le Japon remet le couvert en juillet. La deuxième économie mondiale vient d'enregistrer la plus forte baisse de sa production industrielle depuis plus d'un an. Le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) a annoncé qu'elle avait chuté en juin de 1,5% alors que les analystes attendaient une hausse de 0,1% ou 0,2%. Les entreprises prévoient de plus un nouveau recul en juillet. Selon le Meti, cette baisse est principalement due aux constructeurs automobiles et aux fabricants de composants pour téléphones mobiles, qui ont réduit leur production en raison à la fois d'un ajustement des stocks et d'un ralentissement de la demande en provenance d'Asie. Sur un an, en juin, la production industrielle s'affiche cependant en nette hausse de 17%. Elle a redémarré au printemps 2009 après une récession d'un an, la pire enregistrée au Japon depuis la Seconde guerre mondiale. Cette contre performance est tout de même de mauvais augure pour la fragile reprise économique du pays, dans un contexte d'un yen fort et d'une demande en provenance de l'international qui bat de l'aile. Un groupe d'élus du Parti démocrate a exhorté le gouvernement à prendre des mesures pour affaiblir le yen. Cela n'a pas empêché la devise japonaise de progresser encore face au dollar pour atteindre un plus haut de huit mois et évoluer proche d'un pic de 14 ans. Tout renchérissement du yen pèse sur les exportations du Japon, très dépendant de ses échanges avec l'international. Par ailleurs, les prix à la consommation ont accusé en juin leur seizième mois consécutif de repli (-1% alors que les économistes prévoyaient -1,1%), ce qui a, une nouvelle fois, amené certains responsables politiques au pouvoir à demander à la Banque du Japon de lutter activement contre la déflation. Le gouvernement en place s'est engagé à venir à bout du phénomène d'ici la fin de l'exercice fiscal en cours, qui se termine le 31 mars, afin d'éviter qu'il n'encourage les consommateurs à différer leurs achats (ces derniers attendant que les prix baissent encore pour consommer) et les entreprises à ralentir leur production. Pour l'heure toutefois, la consommation se maintient : les dépenses des ménages ont augmenté de 0,5% en juin alors que le consensus était un recul de 0,6%. En outre, Le taux de chômage ajusté en variations saisonnières en juin est passé à 5,3% au Japon, a annoncé vendredi le ministère japonais de l'Intérieur et des Communications dans un rapport préliminaire. Selon un rapport préliminaire rendu public par le ministère, ce chiffre a cru de 0,1% avec un total de 3,44 millions de chômeurs par rapport au mois précédent. Le nombre de chômeurs pour le mois de juin 2010 a enregistré une baisse de 40.000 personnes, inférieur à celui du même mois l'année dernière. Evoquant un autre rapport publié vendredi par le ministère japonais de la Santé, du travail et des affaires sociales, le ratio des offres d'emploi aux demandeurs d'emploi s'est élevé à 0,52 en juin, en progression par rapport à celui de 0,50 du mois de mai. Ce ratio indique qu'il y a 52 emplois disponibles pour 100 chômeurs. En effet, le Japon est la deuxième puissance économique mondiale avec 8,05 % du PIB mondial (4 376 milliards de dollars), selon les chiffres de la Banque mondiale en 2007. Elle se situe derrière les États-Unis mais devant la Chine et l'Allemagne. Les immenses groupes (Toyota, Nissan, Honda, Mitsubishi, Canon, Panasonic, Sony,Akai, Sharp, Nintendo, etc.) édifiés sur cette modeste surface placent le Japon parmi les grandes nations industrielles : première place mondiale pour l'automobile, l'électronique, deuxième place pour la construction navale (cargos, porte-conteneurs,pétroliers…). C'est aussi une économie de services très diversifiée et compétitive, particulièrement performante dans les secteurs de pointe. Après la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle le pays a subi de lourdes pertes humaines et matérielles, le Japon a progressé à un rythme extraordinaire jusqu'à conquérir ce rang de deuxième économie mondiale. C'est ce qu'on a appelé le miracle économique japonais (années 1950-1960). Les Jeux olympiques d'été de 1964 à Tokyo ont joué un rôle d'accélérateur à cette forte croissance. Ces progrès sont principalement attribués à la présence initiale d'un capital humain important, à la coopération entre l'État (MITI puis METI) et les entreprises, à une production tournée vers les marchés extérieurs (importantes exportations vers l'Asie et l'Amérique), à une forte éthique du travail, à la maîtrise des techniques de pointe grâce à la recherche, à la faiblesse relative des dépenses militaires (1 % du produit intérieur brut).