La crise aura joué un rôle d'accélérateur de puissance pour la Chine. Face au ralentissement des traditionnelles locomotives de la planète que sont les États-Unis et le Japon, la République populaire se voit propulsée au rang de deuxième économie mondiale, à la place de son voisin nippon, mais encore loin derrière les États-Unis. "La Chine est déjà la deuxième économie du monde", a ainsi déclaré en fin de semaine Yi Gang, directeur de la State Administration of Foreign Exchange (Safe), en charge du contrôle des changes. Dans un entretien accordé au magazine China Reform et repris par le site de la Safe, le responsable ne fait qu'officialiser ce que tout le monde attendait cette année. Le calcul est vite fait. Fin 2009, le produit intérieur brut (PIB) japonais de 5 070 milliards de dollars était déjà talonné de près par celui de la Chine, à 4 980 milliards. Avec une croissance de 9,5% prévue sur l'ensemble de l'année et de 11,1% au premier semestre contre moins de 3% pour son voisin, l'empire du Milieu a sans doute dépassé celui du Soleil-Levant entre avril et juin. Et cela, ironie de l'histoire, alors même que le pays tente d'éviter la surchauffe. La production manufacturière s'est encore ralentie en juillet, pour le deuxième mois de suite, grâce à des mesures limitant la croissance du crédit et la spéculation immobilière. Les autorités chinoises ne fanfaronnent pas avec leur nouveau statut de deuxième économie du monde, car les défis restent nombreux avant de prendre inévitablement la tête du classement dans une quinzaine d'années, à en croire la Banque mondiale. "Le problème de l'économie de la Chine est la qualité de sa croissance. Raison pour laquelle nous devons procéder à un ajustement structurel et transformer notre modèle de développement", a souligné Yi Gang, revenant sur l'antienne gouvernementale selon laquelle la consommation doit prendre le relais de l'investissement et des exportations, comme moteur de croissance. Ainsi, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Fin 2009, le PIB japonais de 5.070 milliards de dollars était déjà talonné de près par celui de la Chine, à 4.980 milliards. Dimanche, ont été publiés les nouveaux chiffres de la croissance industrielle chinoise, et ils sont moins pires qu'attendus. La prévision de croissance pour l'année 2010 tourne autour des 10,1% du PIB. "L'économie chinoise ralentit, en raison principalement des mesures de resserrement en cours dans l'immobilier, mais le ralentissement n'est à l'évidence pas aussi sévère que certains le prédisaient", a commenté pour l'agence Reuters Ting Lu, économiste de Bank of America Merrill Lynch à Hong Kong. Autant dire que le Japon, en proie à une instabilité financière chronique depuis la fin des années 90 - et l'éclatement de la bulle Internet -, ne peut rivaliser. Si Tokyo n'a pas encore publié ses prévisions de croissance pour l'année en cours, le pays du Soleil-Levant a atteint difficilement la barre des +3% pour le premier trimestre. Mais pour la Chine, le défi reste tout de même élevé. Si son économie veut éviter la surchauffe avec l'explosion des crédits, la consommation doit prendre le relais sur les investissements et les exportations. La forte croissance du PIB n'est en effet due qu'à une minorité de riches qui inondent le monde de produits siglés "made in China" et qui rachètent les actions d'entreprises étrangères. Mais la structure ne peut ni se reposer sur une monnaie forte - le dollar ou le yen japonais servent de valeur de référence en Chine -, ni sur des classes moyennes dépensières. Un risque dont Pékin a conscience. Sa marge de manœuvre ne cesse de se réduire, les écarts se creusant entre riches et pauvres, villes et campagne. Et c'est sans compter sur les ralentissements de la démographie: aujourd'hui, six actifs cotisent pour un retraité. Par ailleurs, le gouvernement chinois prendrait des mesures pour limiter le prix des biens et des services monopolisés, selon un avant-projet de règlement publié lundi. Le Bureau des affaires législatives du Conseil des affaires d'Etat (gouvernement central) a indiqué que cet avant-projet de règlement sur la surveillance et l'examen des prix des marchandises et des services seraient soumis au public avant le 1er septembre. En Chine, les prix de certaines marchandises et services, tels que les ressources naturelles, les services publics et les biens rares, sont fixés par le gouvernement ou par des opérateurs sous la direction du gouvernement, et non pas par le marché. La loi du prix de la République populaire de Chine stipule que ces articles et services doivent être soumis à la supervision et à l'examen de leurs coûts. Cependant, la circulaire publiée par le Bureau des affaires législatives sur son site Internet a indiqué que des ambiguïtés demeuraient quant aux modalités de la surveillance et à l'examen des coûts, particulièrement concernant certains objets au coût "déraisonnable" Selon la circulaire, le gouvernement doit examiner les coûts d'opération et plafonner les prix des industries monopolisées, en vue de mieux protéger les intérêts des consommateurs.