Un mois à peine après le décès tragique du chanteur chaâbi Abdelkader, la radio Chaîne III lui a rendu hommage posthume avec une émission spéciale. Invité à parler de son pére, le rejeton de Guessoum a fait découvrir aux auditeurs des aspects encore méconnus de l'homme et de l'artiste qu'a été le défunt emporté le 14 juillet dernier par une crise cardiaque à l'hopital de Blida, sa ville natale. "Il était de la digne lignée des grands chanteurs du châabi" a confié El Hadi El Anka. Son fils presque étouffé par l'émotion dira quant à lui que son papa s'était toujours soucié des besoins de sa famille de l'éducation de ses enfants. " C'est un père exemplaire " dira-t-il. Pour preuve affirme-t-il, il prenait des cours d'arabe pour parfaire la maîtrise de cette langue et partant mieux rendre les poèmes du melhoun qu'il chantait. "Vous savez que Abdelkader Guessoum écrivait les textes des poèmes en caractère, latin et il se disait toujours qu'il devrait apprendre l'arabe et c'est pourquoi, il avait décidé de prendre un professeur d'arabe." dira un de ses amis. C'est ainsi que l'émission a été alimenté par des extraits de sa musique de ses textes ainsi que de plein d'anecdotes frétillantes. Décédé à l'age de 64 ans, la plupart de ses compagnons de scène ont été choqués par cette mort subite en regrettant un "ami ", " un compagnon de route " " un généreux ", " un discret " qui aimait tant sa ville des Roses. Il avait rendu l'âme lors de son admission au service des urgences. Pour ceux qui ne le connaissent pas, Abdelkader Guessoum a eu un parcours atypique en trimant longtemps avant de se faire un nom dans l'univers " surchargé " de la musique populaire. Certes il n'avait pas ramené du neuf comme c'était le cas pour le défunt Guerouabi qui a fait éclater les fils rigides de cette musique, mais s'était contenté de suivre au pas les chanteurs de la trempe de M'rizek ou encore de M'hamed Hadj El Anka. Né le 12 avril 1946 dans la ville des Roses, sa passion pour la chose lyrique se révélera précocement à l'âge de 08 ans. Bambin, il jouait du Ney, du pipo et de l'harmonica, des instruments à vent pas cher mais significatif d'une rage de respirer du rythme. Selon ses biographes, Abdelkader Guessoum a reçu sa première mandoline à l'âge de 16 ans à l'indépendance du pays. Avec son instrument et encore tout jeune, Guessoum reprenait aux heures perdues les airs de Hadj M'Rizek, et Bellah alik ya chemaâ de Hadj Mahfoud, des noms bien confirmés dans la scène musicale algérienne. Puis vint le temps de la formation qui constituera un moment décisif pour cet apprenti à l'école de cheikh Salhi (Mahieddine Mohamed), neveu de Cheikh Mahfoud. Ce dernier le sollicita en qualité de musicien au sein de sa formation, lors des fêtes familiales. C'est en 1966 qu'il constitue son premier orchestre en cachette, par selon lui, respect pour ses maîtres. A la même année, il fut présenté pour la première fois, à la radio, par Rabah Driassa, un autre nom qui habite dans la même ville. Son essai fut malheureusement raté. Déçu, il s'éclipsera bien longtemps avant de revenir en 1969, à l'occasion du festival de la chanson chaâbie où il obtient le premier prix en interprétant Djel El Koul Bach yendhekar. Bien après, la télévision nationale lui ouvre son champ, et c'est là qu'il anime son premier concert en 1970. A l'époque, il était soutenu et encouragé par les maîtres Boualem Djenadi, Dahmane Benachour, Mohamed Misraoui et surtout Rachid Mohamed. En 1974, il enregistre deux 45 t et deux ans plus tard, il réalise son premier album (45 t) à Paris, grâce à l'aide que lui apporte Mustapha Skandrani. Avec Mahboub Bati, il tente sa première expérience - réussie d'ailleurs - dans le monde de la chansonnette à l'exemple de Ya H'la et Ach bih hajbi.Tout de suite après, c'est l'éclipse. L'artiste voulait se reposer, prendre du recul et réfléchir sur sa production.