Le contrat sur le Brent est descendu sous 80 dollars le baril, hier, les statistiques décevantes des importations de brut en Chine ayant exacerbé le regain de pessimisme des marchés, visible dans le repli des valeurs européennes et asiatiques et l'affaiblissement de l'euro face au dollar. L'attention des intervenants va désormais se porter sur la décision de la Réserve fédérale américaine sur ses taux d'intérêt à 20h15, et sur d'éventuels commentaires au sujet de l'introduction de nouvelles mesures d'assouplissement quantitatif pour favoriser la croissance économique du premier consommateur de pétrole au monde. Les volumes de transactions sont faibles mardi, et les investisseurs devraient rester en retrait jusqu'à l'annonce de politique monétaire de la Fed. Le département américain de l'Energie annoncera mercredi les chiffres hebdomadaires des stocks pétroliers; les économistes s'attendent en moyenne à une baisse de 300.000 barils des réserves d'essence et de 1,8 million de barils des stocks de brut. L'Agence internationale de l'énergie publiera également mercredi son rapport sur les perspectives de l'offre et de la demande mondiales d'énergie. A 12h30, le contrat de septembre sur le Brent coté à l'ICE de Londres abandonnait 1,35 dollar, à 79,64 dollars le baril tandis que celui sur le WTI du Nymex perdait 1,07 dollar, à 80,41 dollars le baril. Les Bourses européennes reculaient dans les premiers échanges et la monnaie américaine se raffermissait face à l'euro, rendant moins attractifs les achats de pétrole libellés en dollars pour les investisseurs munis d'autres devises. "Outre le renchérissement du dollar, les chiffres des importations chinoises (pour juillet) génèrent des tensions sur les prix (du brut): le deuxième plus grand consommateur mondial a importé 17,5% de pétrole que le mois précédent, un recul de 3,2% sur un an", soulignaient les analystes de Commerzbank. "Les inquiétudes sur un affaiblissement durable de la demande chinoise semblent toutefois prématurées: ce recul remarquable sur un mois peut s'expliquer par un niveau record d'importations en juin" et par l'explosion de deux oléoducs de la zone portuaire de Dalian (nord-est) qui ont affecté les importations d'or noir, tempéraient-ils. Pour les experts, du cabinet JBC Energy, la tendance pourrait être plus profonde, car "le baril de brut au-dessus de 80 dollars constitue un frein pour les achats des raffineries chinoises, qui enregistrent une baisse des marges garanties par l'Etat au-dessus de ce seuil". "La demande de pétrole de la Chine devrait commencer à connaître une période de ralentissement ; la croissance économique devrait caler au second semestre à mesure que s'épuisent progressivement les investissements massifs (de l'Etat) réalisés précédemment", expliquaient ces analystes. Par ailleurs, les cours du brut devraient rester suspendus mardi aux décisions de la Réserve fédérale américaine, dont le Comité de politique monétaire se réunit dans l'après-midi. "Tous les yeux se tourneront sur les commentaires et/ou les décisions qui seront annoncées dans la foulée de la réunion. On s'attend beaucoup à ce que la Fed prenne des mesures d'assouplissement quantitatif", relevait Olivier Jakob, du cabinet suisse Petromatrix. Des mesures de soutien à l'économie, sous la forme notamment d'achats de titres sur les marchés, pourrait redonner un second souffle à la reprise économique, aux perspectives assombries la semaine dernière par des statistiques mensuelles décevantes sur l'emploi américain. La Fed pourrait également contribuer par ce biais à peser sur la valeur du dollar, facteur positif pour les prix du brut. Enfin, les investisseurs surveilleront mardi soir les estimations émises par l'association professionnelle American Petroleum Institute, qui fournissent une première indication sur les réserves de brut aux Etats-Unis avant les chiffres hebdomadaires officiels publiés mercredi.