Près d'un quart des cultures de céréales ont été perdues cette année en Russie en raison de la sécheresse et de la canicule, a déclaré jeudi le président Dmitri Medvedev lors d'une réunion à Taganrog (sud-ouest), selon l'agence Interfax. "Nous sommes dans une situation très difficile, parce qu'au total dans le pays, environ un quart des cultures de céréales ont été perdues", a déclaré M. Medvedev lors de cette réunion, tenue dans la région agricole de Rostov. "Malheureusement, de nombreuses exploitations sont proches de la faillite à cause de la perte des récoltes", a-t-il ajouté. La Russie a encore abaissé au début de la semaine de 10 millions de tonnes, à 60-65 millions de tonnes, sa prévision de récolte de céréales, contre 90 millions de tonnes habituellement, en raison de la canicule qui frappe le pays. L'annonce par Moscou le 5 août d'un embargo sur ses exportations a fait flamber les cours du blé sur les marchés internationaux, déjà montés à des niveaux records en raison des inquiétudes sur les récoltes. Aussi, le chef du service anti-monopole russe (FAS)a estimé hier que la hausse des prix des céréales en Russie est purement spéculative. Marc Tarabella, eurodéputé belge, accuse également la spéculation sur le marché mondial. Dans un communiqué, Marc Tarabella constate que le prix du blé a presque doublé en un mois. Il y a plusieurs raisons, selon lui : la sécheresse, les incendies en Russie, mais aussi les spéculations financières autour du blé qui ont doublé en à peine une semaine. "Certains spéculateurs ont décidé de parier sur une pénurie de blé qui n'existe pas !" commente Marc Tarabella, eurodéputé et membre de la commission agriculture, dans un communiqué. Le blé coûte aujourd'hui 80% plus cher qu'il y a un mois. Pourtant, les spécialistes s'accordent pour dire qu'il n'y a pas de pénurie mondiale en vue, les stocks de blé dans le monde étant largement suffisants. Cependant, ces derniers jours, le nombre de transactions financières autour des céréales a doublé, constate-t-il. Les auteurs de ses transactions sont des fonds d'investissements financiers et des banques (principalement d'Outre Atlantique) quasi ou totalement inconnus sur ce type de marché auparavant. "Les spéculateurs ont trouvé leur nouvelle Grèce", accuse l'eurodéputé "Tout cela revêt un caractère spéculatif" sur le marché intérieur, a déclaré Igor Artemiev, cité par l'agence Itar-Tass, lors d'une rencontre avec le Premier ministre Vladimir Poutine. "Même si nous prenons les prévisions les plus pessimistes sur la récolte de céréales en Russie, grâce à Dieu, des réserves ont été constituées à temps, et cela nous permet de couvrir aujourd'hui tous les besoins", a-t-il dit. La Russie est confrontée à une grave sécheresse depuis plusieurs mois, qui a été aggravée par une canicule sans précédent depuis six semaines. Jeudi, le président Dmitri Medvedev a indiqué qu'un quart des surfaces cultivées du pays avaient été perdues. Dans ce contexte, le gouvernement a encore abaissé lundi de 10 millions de tonnes, à 60-65 millions de tonnes, sa prévision de récolte de céréales. En 2009, la Russie en avait récolté 97,1 millions de tonnes. Les effets sur le marché intérieur de cette catastrophe naturelle ont déjà commencé à se faire sentir, les prix du pain augmentant nettement. Igor Artemiev a aussi fustigé l'attitude de certains producteurs de céréales, les accusant de stocker du grain pour le revendre plus cher un peu plus tard.