Rien - ou presque - ne semble pouvoir arrêter la chute du prix du baril, les marchés demeurant inquiets quant à une reprise de plus en plus incertaine, les récents propos de la Fed à ce sujet les ayant largement refroidis. Ainsi, les cours du pétrole ont fini en baisse, vendredi, pour la quatrième séance d'affilée sur le marché new-yorkais, pénalisés par les craintes d'un ralentissement de la reprise économique. Le contrat septembre sur le brut léger américain a fini en baisse de 35 cents, ou 0,46%, à $75,39 le baril sur le New York Mercantile Exchange. Il est tombé en séance jusqu'à 75,01 dollars. Au moment de la clôture à New York, le baril de Brent reculait de 37 cents, ou 0,49%, à 75,15 dollars. Sur l'ensemble de la semaine, le contrat sur le brut affiche un recul de 5,31 dollars, soit 6,6%, la plus forte baisse hebdomadaire en pourcentage depuis la semaine au 2 juillet lors de laquelle les cours avaient terminé en repli de 6,72 dollars, ou 8,52. La perte se chiffre désormais à plus de six dollars, en régression de 7,5% sur les quatre dernières séances. Des indicateurs économiques décevants, une prévision de la demande revue à la baisse et la progression des stocks détournent actuellement les investisseurs des marchés pétroliers. Si l'indice de la confiance des consommateurs américains mesuré par l'Université du Michigan a quelque peu rebondi en août, il demeure inférieur aux estimations initiales. Les ventes de détail et les prix à la consommation ne sont remontés que très légèrement quant à eux, après plusieurs mois de baisse. Alors que les prix du brut ont lâché plus de 6 dollars en l'espace de trois séances, le marché ne parvenait pas à se ressaisir malgré un flot d'indicateurs macroéconomiques pourtant de nature à éclairer positivement les perspectives de la reprise économique et de la demande pétrolière. Ainsi, le produit intérieur brut (PIB) allemand a bondi de 2,2% au deuxième trimestre par rapport au premier, enregistrant la plus forte croissance depuis la réunification du pays il y a 20 ans. De même, le PIB des 16 pays de la zone euro a dans l'ensemble augmenté de 1% au deuxième trimestre, un plus haut depuis quatre ans, la croissance française rebondissant quant à elle nettement (+0,6%). Par ailleurs, aux Etats-Unis, la hausse des ventes de détail en juillet est ressortie un peu moins forte qu'attendu mais le ministère du Commerce a favorablement révisé les chiffres des deux mois précédents. Alors que l'instinct des marchés est de prendre résolument le parti du pire, les prix du pétrole restent sous une pression considérable, et même les chiffres (de croissance) extrêmement robustes en Europe échouent à générer un regain de confiance", commentait Amrita Sen, analyste de Barclays Capital. Les fondamentaux de l'offre et la demande "n'ont pas de prise actuellement sur le marché", et "même le plus léger ralentissement (d'un indicateur économique) qui enregistre pourtant toujours un taux de croissance soutenu, arrive à plomber les cours", poursuivait l'analyste, notant que les PIB allemands et français "n'ont eu qu'un impact minimal sur les prix". Un indicateur publié par l'Université du Michigan est venu confirmer les réticences des investisseurs, montrant un rebondissement de la confiance des consommateurs américains en août, mais de bien moindre ampleur que ce qu'escomptaient les analystes. "Les incertitudes qui entourent la conjoncture économique mondiale ont plombé l'appétit des investisseurs pour le risque (...) ils restent prudents, car la fragilité de la reprise en Europe et aux Etats-Unis et un possible ralentissement en Chine sont susceptibles de conforter les inquiétudes sur la demande pétrolière", soulignait Myrto Sokou, de Sucden Financial. A cet égard, ajoutait l'analyste, "le rapport mensuel de l'Opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) était plutôt de nature à peser sur les cours, avec des perspectives très prudentes pour la demande mondiale en 2010 et 2011". L'organisation a en effet rehaussé sa prévision de hausse de la demande de brut pour 2010, mais a souligné que la reprise de la demande au premier semestre était restée "relativement modeste" et s'attend à un ralentissement de la croissance mondiale pour les mois qui viennent "à mesure que les pays abandonnent leurs plans d'aide".