Les cours de l'or ont retrouvé leur éclat cette semaine, montant brusquement à leur plus haut niveau depuis mi-juillet après trois séances de baisse, tandis que l'argent et les métaux du groupe platinium ont vu leurs prix décroître nettement sur un marché nerveux. Alors qu'il était tombé il y a quinze jours à son plus bas niveau depuis avril, le prix du métal jaune a de nouveau souffert d'un accès de faiblesse cette semaine avant de se ressaisir soudainement, touchant son plus haut niveau depuis un mois à 1217,65 dollars l'once. "Les cours ont finalement compensé leurs pertes (du début de semaine) alors que les marchés d'actions perdaient encore plus de terrain", a observé Suki Cooper, de Barclays Capital. "L'intérêt de long terme pour l'or demeure robuste, particulièrement sur fond d'inquiétudes quant aux perspectives macroéconomiques, et nous nous attendons à ce que la demande des investisseurs continue de soutenir les prix sur le reste du mois", a assuré l'analyste. Si la fébrilité du marché a lourdement pesé sur l'or lundi et mardi, le métal jaune a vite retrouvé son statut de valeur refuge (à l'instar du dollar qui a lui aussi connu un net renchérissement), alors que s'avivaient les craintes d'un ralentissement de la reprise économique mondiale. "L'or a été de nouveau stimulé par l'aversion au risque" des investisseurs après le discours pessimiste de la Réserve fédérale américaine (Fed) et des indicateurs décevants, tel le bond inattendu des inscriptions hebdomadaires au chômage aux Etats-Unis ou un recul de la production industrielle en zone euro en juin, a expliqué James Moore, analyste chez The Bullion Desk. Si cette tendance haussière des cours devait se confirmer, elle mettrait fin au recul enregistré tout au long du mois de juillet, ont de leur côté souligné les experts de Commerzbank, rappelant que le début imminent de festivités traditionnelles en Inde devrait en outre venir stimuler la demande. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1214,25 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1207,75 dollars le vendredi précédent. Les cours de l'argent ont accompagné le métal jaune dans sa chute de début de semaine, mais sans parvenir à se ressaisir ensuite. "C'est fort inhabituel, car il est d'usage que les cours de l'argent se calent, en les exagérant, sur les mouvements de l'or", remarquait Suki Cooper. Le métal gris a fini à 18,06 dollars vendredi, contre 18,30 dollars vendredi dernier. En dépit des tensions sociales toujours vives autour des sites de production d'Afrique du Sud, premier exportateur mondial, les métaux du groupe platine se sont eux aussi repliés cette semaine, pâtissant toujours des inquiétudes sur les perspectives du marché automobile et de la demande industrielle. "L'aversion (des investisseurs) pour le risque devrait garder ces métaux sous pression à court terme, et le platine pourrait même potentiellement descendre jusqu'à 1490 dollars l'once", renouant ainsi avec ses niveaux de début juillet, estimait James Moore. Sur le London Platinium and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1527 dollars vendredi contre 1571 dollars l'once vendredi dernier. L'once de palladium a terminé à 473 dollars contre 491 dollars une semaine plus tôt. De leur côté, les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange se sont repliés cette semaine, revenant à leur niveau de fin juillet, dans un marché où s'avivent les inquiétudes sur la vigueur de la reprise économique mondiale et un possible ralentissement de la demande. Une baisse de régime des importations chinoises, qui ont décéléré pour le quatrième mois consécutif, ainsi qu'un ralentissement de la production industrielle et des investissements en Chine ont particulièrement attisé les appréhensions des investisseurs. "Cette série d'indicateurs montre un ralentissement de l'activité, et bien que cela ait été attendu au vu des mesures prises par Pékin pour refroidir l'économie, ces chiffres ravivent les incertitudes sur les perspectives de la demande de métaux", soulignait Gayle Berry, analyste de Barclays Capital. Conjugués à d'autres indicateurs décevants aux Etats-Unis et à des commentaires pessimistes de la Réserve fédérale américaine, "cela a fait dérailler les perspectives sur le redressement, encore fragile, de l'économie mondiale", poursuivait M. Berry. Les marchés des métaux "avaient décroché il y a six semaines sur des signes alarmants pour la reprise économique (...), pour finalement se reprendre très solidement par la suite, et pourraient lâcher à nouveau une partie de leurs récents gains et s'aligner plus étroitement sur les nouvelles réalités macroéconomiques", rappelait de son côté Edward Meir, du courtier MF Global.