Le gouvernement français a abaissé vendredi de 2,5% à 2% sa prévision de croissance économique pour l'année 2011. Au Fort de Brégançon, près de Marseille (sud), le président français Nicolas Sarkozy a réuni son Premier ministre François Fillon, ses ministres Christine Lagarde chargée de l'Economie et François Baroin chargé du Budget, pour étudier la situation économique avant la rentrée politique au bout d'un mois de vacances traditionnelles d'été. La croissance économique, réalisée au premier semestre 2010, permettra une prévision de 2% pour 2011, a indiqué la présidence française, dans un communiqué publié au sortir de la réunion consacrée à l'économie. Selon les chiffres publiés il y a une semaine par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), la France a réalisé respectivement une croissance de 0,2% et de 0,6% au premier et deuxième trimestre. Le gouvernement français misait auparavant sur une croissance économique annuelle de 1,4% en 2010 et de 2,5% en 2011. "Compte tenu de ce rebond de l'activité, la perspective de croissance de 1,4% sera atteinte ou dépassée pour l'année 2010", a précisé la présidence française. Cette réalisation "autorise aussi, en cohérence avec les prévisions de l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) une prévision de 2% pour 2011", a relevé l'Elysée dans le communiqué. La prévision précédente de 2,5% a été jugée "trop optimiste" par le Fonds monétaire international (FMI), qui prévoit une croissance faible de 1,4% pour 2010 et de 1,6% pour 2011. Organisée en présence du Premier ministre François Fillon et des ministres des Finances et du Budget, la réunion du fort de Brégançon, résidence d'été des présidents français, a anticipé la rentrée politique après une trêve estivale dominée par les questions sécuritaires. Avec le projet de réforme des retraites, contre laquelle les syndicats veulent mobiliser largement lors d'une journée d'action prévue le 7 septembre, la préparation du budget 2011 est l'autre grand sujet sensible des semaines à venir pour le gouvernement. La France s'est engagée auprès de ses partenaires européens à ramener l'an prochain ses déficits publics à l'équivalent de 6% de son produit intérieur brut, contre 8% attendu en 2010, l'objectif final étant d'atteindre 3% à l'horizon 2013. Selon le communiqué de l'Elysée, Nicolas Sarkozy a indiqué que les 6% de 2011 constituaient "un objectif majeur", et ce "quel que soit le niveau de croissance". Intervenant sur RTL, le ministre du Budget François Baroin a indiqué que l'abaissement de la prévision de croissance 2011 obligerait le gouvernement à trouver entre 3,0 et 3,5 milliards d'économies supplémentaires dans le budget 2011. Il a jugé que, compte tenu de la reprise des créations d'emploi au premier semestre qui a rapporté de l'ordre de deux milliards de recettes supplémentaires à l'Etat, l'objectif était "parfaitement atteignable". Le ministre du Budget a assuré en outre que, s'agissant des niches fiscales et sociales, "tout ce qui est créateur d'emploi, tout ce qui est pertinent, tout ce qui soutient l'économie" serait épargné. Toujours selon le communiqué, d'autres mesures, la plupart déjà annoncées, doivent permettre de réduire les déficits. Figurent le gel en valeur des dépenses de l'Etat pour les trois prochaines années, la poursuite du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite, la non revalorisation du point d'indice des fonctionnaires en 2011 et la baisse de 5% dès 2011 - puis de 10% d'ici à 2013 - des dépenses d'intervention et de fonctionnement de l'Etat. Le communiqué ne donne pas de détails sur les niches fiscales et sociales menacées. Mais le gouvernement a exclu de toucher à celles qui encouragent le travail et l'activité.