Un premier programme de réhabilitation du patrimoine immobilier et d'aménagement des espaces extérieurs de quatorze communes de la capitale a été lancé. A cet effet, les responsables de la wilaya d'Alger ont annoncé, mardi, le lancement de leur Plan blanc. Selon les promoteurs du projet, Il s'agit "de reconstruire la vie dans la ville et de redonner à Alger sa dimension de ville méditerranéenne", indiquent-ils. Pour autant, les pouvoirs publics visent à harmoniser et à lier le cadre urbain et le cadre de vie. Il y a lieu de signaler que le parc immobilier est ancien, manquant d'entretien et surpeuplé, d'autant plus qu'il a été secoué par quinze catastrophes naturelles (séismes, inondations…). Cependant, le secteur souffre d'absence de gestion vu qu'un bon nombre de joyaux du patrimoine commercial ayant disparu (destruction, changement d'activité, fermeture…). Par conséquent, les matériaux de construction utilisés dans le revêtement des voiries et les couleurs des façades seront réglementés. Pour autant, un travail d'étude (évaluation, diagnostic, méthodologie de travail…) a été mené par deux bureaux français et portugais. Afin de suivre les immeubles et intervenir avec efficience, le cas échéant, une banque de données, appelée système d'information géographique (SIG), a été mise en place. En effet, ces études indiquent que 259 immeubles menacent ruine sur un total de 17 617 situés dans les sept communes pilotes du centre historique d'Alger. Ainsi, la priorité est donnée aux grands axes de la ville tel que les rues Ben M'hidi et Didouche Mourad, le boulevard Zighoud Youcef, Promenade de la mémoire, Grande-Poste mais aussi aux places à l'instar de la place des Martyrs ou du Square Port Saïd. En ce qui concerne la Casbah, qui sera incluse dans le Plan blanc, l'opération nécessite le relogement de 200 familles. Il est à signaler que les travaux, d'une durée de quatre ans, coûteront 5 mds de dinars soit 52,15 M€. En outre, ils concerneront 1 600 bâtisses représentant plus de 20 000 logements. En effet, des études menées sur la vulnérabilité d'Alger montrent que des risques potentiels importants menacent la capitale, parmi lesquels notamment les séismes, les inondations et les glissements, à l'origine de nombreux effondrements de bâtisses, hôtels, réseaux d'assainissements (Bougara, Didouche-Mourad). Pour toutes ces raisons, l'administration de la wilaya d'Alger a initié une étude de diagnostics technique et sociologique sur le patrimoine immobilier de l'hyper centre d'Alger. En 2005, une étude nationale faite dans ce cadre précise que sur 5 900 000 logements que compte le parc, près de 2 millions d'unités, soit 33,9%, sont construites avant 1962, parmi lesquelles 800 000, soit 41,07%, connaissent un état de délabrement avancé. Dans la capitale, 56% du patrimoine immobilier doit être conforté et 7% des ouvrages gérés par les OPGI sont à démolir. Ainsi, l'identification exhaustive du patrimoine, son histoire, son état actuel et les pathologies qu'il présente, son affectation (logement, équipement) constituent une phase qui doit aboutir à l'établissement d'une fiche d'identification par immeuble, traitée par le biais d'un système d'information géographique (SIG), et à un classement distinguant le degré de dégradation de chaque immeuble (légère, moyenne, forte ou immeuble menaçant ruine). Le SIG mené par une équipe pluridisciplinaire se fera en quatre phases opérationnelles, à savoir l'investigation de l'état des lieux (élaboration des supports cartographiques et localisation sur plan des bâtisses situées dans le périmètre de l'étude, estimation de bâtisses à enquêter), la collecte des données et l'élaboration des supports cartographiques, dont le dispositif mis en place par une démarche méthodologique devant permettre des contacts avec les APC et le recours à l'image satellitaire à très haute résolution avec une vectorisation automatique. La cartographie sera couplée à une seconde série de cartes, celle de l'ONS (statistiques), utilisée dans le cadre du recensement général de la population et de l'habitat (RGPH), et enfin l'estimation du nombre de bâtisses à enquêter. La question du vieux bâti dans la capitale est une question récurrente. Les 250 bâtisses recensées, héritées pour la plupart de la période coloniale, risquent de s'effondrer à tout moment, représentant un danger permanent pour les riverains et une grande préoccupation pour l'État, c'est ce qu'a indiqué, avant-hier, le directeur du logement de la wilaya d'Alger.