Le sentiment économique dans la zone euro s'est amélioré légèrement plus que prévu en août, alors que les anticipations d'inflation des ménages sont restées inchangées, a annoncé lundi la Commission européenne, ce qui augure d'une poursuite de la croissance économique au troisième trimestre. Son indice pour les 16 pays de la zone euro a atteint 101,8 en août, contre 101,1 (révisé de 101,3) en juillet. Les économistes interrogés par Reuters tablaient sur un indice à 101,7. L'indice du secteur industriel est resté stable à -4, tandis que celui des services s'est amélioré à 7 contre 6 le mois précédent. Le moral des ménages, dont la demande constitue l'un des moteurs de la reprise, est ressorti à -11, contre -14 en juillet et -12 attendu. Les anticipations d'inflation des consommateurs sont restées inchangées à 11, alors qu'elles sont passées de 5 à 6 chez les entrepreneurs. En effet, depuis la récente tempête, les économies autrefois les plus dynamiques font face à un ajustement douloureux. "Le choc qui affecte la périphérie - crise de la dette et/ou éclatement de la bulle immobilière- nécessite une politique monétaire accommodante", analyse Jacques Cailloux, économiste à Barclays capital. "Or, ajoute-t-il, si la reprise se poursuit en Allemagne, et dans les pays du centre, la BCE sera censée intervenir pour tenir l'inflation sous contrôle, alors même que les mesures prises pour gagner de la compétitivité dans la périphérie, comme les baisses de salaires, vont étouffer l'inflation dans la partie la plus fragile de l'Union monétaire." Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, a souvent répété que la diversité conjoncturelle n'était pas un obstacle, prenant exemple sur ce qui se passe aux Etats-Unis, et les écarts qui peuvent exister entre les Etats fédérés. Mais les économistes ne sont guère convaincus. Ils notent que la mobilité du travail est grande outre-Atlantique, faible en Europe. Et ils observent que compte tenu du poids économique de l'Allemagne (27 % du produit intérieur brut de la zone euro), c'est largement en fonction de la conjoncture dans ce pays que la BCE définit sa politique monétaire. Ce qui signifie que si l'Allemagne continue sur sa lancée, l'institut d'émission pourrait être obligé de relever ses taux alors même qu'un pays de la zone euro serait sous la menace d'une récession. Ce serait un coup fatal pour les "lâchés" - Grèce ou Espagne - mais aussi très dur pour les pays du "peloton" comme la France. "Une hausse des taux d'intérêt aurait un double impact sur les pays en plein ajustement: renchérir le coût de leur endettement, et fragiliser leur reprise", craint M. Cailloux. Les causes de cette dépression chez les pays européens les plus touchés par la crise sont connues : des mesures d'austérité budgétaire additionnées à une demande privée en berne. En effet, la plupart des gouvernements ont adopté des plans de restrictions budgétaires drastiques, chiffrés à plusieurs milliards : coupes dans les salaires des fonctionnaires, taux d'imposition relevés… Dans le même temps, des secteurs immobiliers et bancaires grippés imposent aux banques des recapitalisations, laissant le crédit en panne. Cette volonté de réduire les déficits épure les bilans privés et publics, mais génère un risque concret de faiblesse de la demande pour l'ensemble du continent. Ce tableau offre des perspectives assez sombres en fin d'année pour les PIIGS, qui devraient souffrir soit d'une stagnation, soit d'une récession. Ainsi, la Grèce et l'Irlande devraient être les plus touchées avec une contraction respective de leur PIB de 4 % au moins et de 1,5 %. L'Espagne devrait stagner tandis que le Portugal et l'Italie connaîtraient une croissance inférieure à 1 %. La situation devrait s'améliorer l'année prochaine.