Les prix de l'or ont connu une semaine mouvementée, poursuivant leur ascension jusqu'à s'approcher à moins de 4$ de leur record historique avant de replonger brusquement. Le métal jaune a accentué cette semaine son irrésistible hausse, grimpant mercredi jusqu'à 1262,45$, frôlant de peu son record historique de 1265,30$ enregistré en juin. L'or comme l'argent "ont atteint de nouveaux plus hauts grâce à un regain d'inquiétudes sur la solidité du système bancaire de la zone euro et sur les dettes souveraines européennes, qui ont à nouveau précipité les investisseurs vers les valeurs refuges", a commenté James Moore, de The Bullion Desk. "Les prix de l'or sont toujours bien soutenus, alors que l'humeur générale du marché est loin d'être rose et que les incertitudes économiques continuent d'obséder la communauté des investisseurs", renchérit Andrey Kryuchenkov, analyste du cabinet VTB Capital. Le niveau élevé des participations détenues par le plus grand fonds indiciel coté spécialisé dans l'or, SPDR Gold Trust, témoignait de cet engouement. Les cours du métal jaune ont cependant reflué brusquement en fin de semaine, dégringolant de plus de 25$ en deux jours pour tomber brièvement à 1236,80$. L'or pâtissait d'un net regain d'intérêt des opérateurs pour le risque, après l'annonce d'émissions obligataires réussies aux Portugal et en Irlande, qui ont fait bondir l'euro face à la monnaie américaine, rendant moins attractifs les achats d'or libellés en dollars, a expliqué Suki Cooper, de Barclays Capital. Deux indicateurs américains positifs (forte baisse des inscriptions au chômage la semaine dernière et net recul du déficit commercial en juillet) ont également contribué à rasséréner les opérateurs. "Les peurs sur l'état de la reprise mondiale et des taux d'intérêts encore très bas continuent de créer un environnement favorable à l'or (...) et la demande physique devrait apporter un soutien croissant et solide aux prix", assurait cependant Suki Cooper, évoquant la solidité de la bijouterie indienne. Par ailleurs, l'annonce vendredi de l'achat de 10 tonnes d'or par la banque centrale du Bangladesh au Fonds monétaire international (FMI) permettait au marché de se ressaisir quelque peu. Sur le London Bullion Market, l'once d'or a fini à 1246,50$ vendredi au fixing du soir, contre 1240,50$ le vendredi précédent. Les cours de l'argent ont grimpé dans le sillage de ceux de l'or, poussant mercredi jusqu'à 20,15$ l'once, un plus haut depuis mars 2008. "L'argent profite d'une demande solide des investisseurs, et sur le plan industriel, qui compte pour 50% de la demande totale d'argent, il bénéficie également de la croissance rapide des économies émergentes", commentaient les analystes de Commerzbank. Le métal gris a terminé à 19,90$ l'once à la clôture de vendredi, contre 19,66$ une semaine auparavant. Pour leur part, les métaux platinoïdes se sont repliés cette semaine, après leur envolée de la semaine précédente qui avait vu le palladium monter à son plus haut niveau depuis plus de trois mois. Les tensions sociales toujours vives dans les mines d'Afrique du Sud, premier producteur mondial de platine, limitaient cependant leur recul. De leur côté, les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont poursuivi cette semaine leur rebond avant de se replier, sur un marché où pèsent des signaux économiques contradictoires et des doutes sur la demande chinoise. Les métaux de base ont approfondi la dynamique de hausse entamé la semaine précédente, qui avaient vu les cours bondir après des indicateurs manufacturiers encourageants aux Etats-Unis et en Chine, mais "l'euphorie s'est atténuée cette semaine", a commenté Edward Meir, analyste de MF Global. Pour lui, les cours pâtissent d'un net renchérissement de la devise américaine, grimpée lundi jusqu'à 1,2919 dollar pour un euro. L'appréciation du dollar, monnaie dans laquelle sont libellés les achats de matières premières, est de nature à décourager les investisseurs spéculatifs munis d'autres devises. En l'absence d'indicateurs majeurs aux Etats-Unis et sur fonds d'un regain d'inquiétudes sur la solidité financière du système bancaire européen, les incertitudes sur la vigueur de la reprise économique pesaient toujours. "Le manque d'entrain du marché et l'incapacité à poursuivre son rebond montrent que les craintes sur le tableau d'ensemble de l'économie mondiale ne disparaissent pas et maintiennent la pression sur les métaux de base", observait William Adams, analyste de BaseMetals.com. Des doutes sur les perspectives de la demande chinoise ont contribué à aviver encore un peu plus la morosité des opérateurs.