Les prix des métaux de base échangés au London Metal Exchange (LME) ont chuté de concert en fin de semaine, plombés par des craintes accrues sur la vigueur de la reprise économique mondiale, seul l'étain tirant son épingle du jeu après avoir touché mardi un sommet depuis deux ans. Les métaux de base ont connu une semaine mouvementée, évoluant au gré de signes plus ou moins encourageants sur la santé de l'économie mondiale et du sentiment des investisseurs sur la vigueur de la demande en matières premières. En début de semaine, les cours ont été soutenus par la nette progression de la production industrielle des Etats-Unis en juillet, tirée par une hausse spectaculaire de l'activité manufacturière, balayant temporairement les craintes d'un retour en récession du secteur manufacturier américain. En outre, les cours étaient portés par un léger accès de faiblesse du billet vert, rendant plus attractifs les achats de matières premières libellées en dollar pour les investisseurs munis d'autres devises, notaient les analystes de Commerzbank. Cependant, les métaux de base ont effacé leurs gains suite à la publication jeudi d'une chute inattendue de l'activité de la région de Philadelphie (Nord-Est des Etats-Unis) en août, marquant sa première contraction depuis juillet 2009. Couplés à une hausse inattendue des nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis, ces indicateurs ont alimenté un regain de craintes de voir la reprise américaine ralentir de façon marquée. Ces inquiétudes poussaient les investisseurs vers les valeurs refuge, comme le billet vert qui rebondissait vendredi face à l'euro à un niveau plus vu depuis plus d'un mois. En outre, "le dynamisme de la demande en Chine marque le pas, comme attendu (...) du fait des mesures prises par le gouvernement pour empêcher une surchauffe de l'économie", soulignait Commerzbank. De plus, les observateurs semblaient faire peu de cas des perturbations sur la production, notamment de plomb et de zinc, en Chine liées à des glissements de terrain et coulées de boue dans le nord-ouest et le sud-ouest du pays ces dernières semaines, leur éventuel impact à long terme restant imprécis. Les investisseurs se montraient cependant attentifs à l'évolution de la situation, selon Gayle Berry, analyste chez Barclays Capital. Baromètre du marché, le CUIVRE a tenté de rebondir cette semaine, porté par une baisse notable des stocks de métal rouge entreposés sur le LME, avant d'effacer une partie de ses gains, sur fond de signes d'un ralentissement de la demande mondiale, alors que la production reste soutenue. Les cours de l'ALUMINIUM ont accentué leur repli cette semaine. La production mondiale d'aluminium a progressé en juillet, s'établissant à 3,471 millions de tonnes contre 3,423 millions de tonnes en juin, malgré un recul en Chine, a indiqué l'Institut international de l'aluminium (IAI). Seul l'ETAIN s'est démarqué cette semaine, grimpant mardi jusqu'à 21'650 dollars la tonne, son niveau le plus fort depuis deux ans, avant de lâcher une partie de ses gains et de se stabiliser, sous la pression des inquiétudes sur la reprise mondiale. "Les fondamentaux de l'étain se tendent de plus en plus", expliquait Gayle Berry, soulignant que les niveaux de production en Chine et en Indonésie baissent fortement. De leur côté, les prix de l'or ont poursuivi cette semaine leur ascension, le métal jaune profitant de son statut de valeur refuge, les prix de l'argent, du palladium et du platine, plus sensibles aux perspectives industrielles, connaissant en revanche des fortunes diverses. L'or a enregistré cette semaine une nette progression, faisant une brève incursion à 1237,50 dollars l'once jeudi, un niveau pas vu depuis le 1er juillet, et qui le rapproche du record historique enregistré le 21 juin (1265 dollars). Le métal jaune bénéficiait nettement du regain d'inquiétudes des marchés après qu'une série d'indicateurs décevants aux Etats-Unis sont venus aviver les craintes sur les perspectives économiques mondiales. Dans ce contexte, l'or, tout comme les obligations d'Etat, est vu comme une valeur sûre par excellence où se réfugient les investisseurs spéculatifs effrayés par les incertitudes de la conjoncture, "comme c'était le cas au début de l'été", expliquait Andrey Kryuchenkov, analyste de VTB Capital. Signe de l'intérêt de ces investisseurs, les participations détenues par le premier fonds coté au monde, SPDR Gold Trust, sont grimpées à 1.299,47 tonnes, contre 1.286,70 tonnes la semaine précédente. "Par ailleurs, on approche de la saison des festivités d'automne en Inde, période traditionnellement très active pour les bijoutiers asiatiques, et les échanges sur le marché devraient s'animer encore davantage en septembre", ajoutait M. Kryuchenkov. La demande saisonnière, "habituellement solide" en automne, "devrait offrir aux prix (de l'or) des bases solides pour engranger de nouveaux gains", tandis que "la persistance des incertitudes macroéconomiques génère un environnement favorable" au métal jaune, renchérissait Suki Cooper, de Barclays Capital. R.T.M.