Les ministres européens des Finances ont débattu, vendredi des différentes manières de revoir à la baisse leur présence dans les instances dirigeantes du Fonds monétaire international (FMI), où ils sont actuellement sur-représentés. Ils comptent engager des discussions sur le sujet avec les Etats-Unis et avec les pays émergents, a indiqué le ministre belge, Didier Reynders, qui a présidé la réunion. Les Européens veulent explorer avec leurs partenaires "comment il est possible d'organiser une révision des quotas (les droits de vote, ndlr), en faveur des pays émergents et des pays sous-représentés, mais aussi d'essayer de changer le fonctionnement du conseil d'administration", a dit Didier Reynders. L'UE s'est dite prête à réexaminer son poids jugé excessif au sein du FMI au profit des nations émergentes, un geste calculé avant la réunion annuelle de l'institution et une série de sommets avec les pays d'Asie la semaine prochaine. L'UE veut étudier "comment il est possible d'organiser" un rééquilibrage de la représentation "en faveur des pays émergents, des pays sous-représentés". Afin de leur donner davantage voix au chapitre, les 27 se sont dits "d'accord pour réduire la représentation européenne de jusqu'à deux sièges", indique un document résumant leur position. Les sièges européens, actuellement au nombre de neuf sur 24 (Allemagne, France, Grande-Bretagne, Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie, Danemark et Suisse, qui elle ne fait pas partie de l'UE), passeraient ainsi à sept, grâce à un système de "rotation" entre pays européens et émergents au sein du conseil d'administration, dont les modalités seraient encore à définir. De quoi répondre en partie à une demande exprimée par les Etats-Unis, qui veulent moins d'Européens autour de la table de la plus haute instance de décision du Fonds, chargé de garantir la stabilité financière mondiale. Le directeur général du FMI Dominique Strauss-Kahn, qui a participé jeudi à la réunion des ministres des Finances européens, partage cet objectif. Mais les Européens veulent des contreparties. En échange de ce rééquilibrage des représentations au sein du FMI, ils veulent "rester avec 24 membres dans le conseil d'administration", a martelé M. Reynders. Par ailleurs, ils demandent "plus de compétences au niveau politique", et veulent discuter de "la possibilité d'évoluer concernant le droit de veto" des Etats-Unis, sans qui rien ne peut se faire au FMI, mais qui ne semblent pas prêts à renoncer à cet avantage. Ces demandes ont peu de chances d'être bien accueillies à Washington. Les Etats-Unis, eux, voudraient réduire le nombre de sièges du conseil d'administration du FMI, tout en préservant les places actuelles pour les pays émergents et en développement. Or l'instance dirigeante du FMI doit renouveler sa composition avant le 1er novembre. Comme les statuts du FMI prévoient 20 sièges uniquement, si aucun accord n'est trouvé pour maintenir l'exception qui permet d'en avoir 24, le conseil d'administration devrait revenir à ce total. Quatre sièges disparaîtraient alors: celui du Brésil, de l'Inde, de l'Argentine et du Rwanda.