La France, semble-t-il, n'est pas prête à renoncer au projet de l'Union pour la méditerranée (UPM), cher à son président Nicolas Sarkozy. Mme Noëlle Lenoir, ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes a plaidé, lundi à Alger, pour une intégration euro-méditerranéenne, basée sur l'oubli du passé. Mme Lenoir, actuellement membre du Conseil constitutionnel français, s'est référée, dans sa plaidoirie, au couple franco-allemand qui a servi de locomotive à la construction de l'Union européenne. "Si les Allemands et les Français, ennemis héréditaires, ont pu s'entendre, tout le monde peut s'entendre ", a-t-elle déclaré, lors d'une conférence qu'elle a donnée au CCF (Centre culturel français). Elle a estimé que l'UPM a beaucoup de ressemblances avec l'UE. Chacun des deux ensembles compte une quarantaine de pays et près de 500 millions d'habitants. Des ensembles, a-t-elle précisé, "difficiles à gérer". La conférencière a soutenu, également, que " les peuples des deux rives de la Méditerranée sont favorables au rapprochement. Les obstacles se trouvent au niveau des classes dirigeantes ". Optimiste, elle a estimé que les pays des deux rives de la Méditerranée ont déjà fait du progrès sur le chemin du rapprochement. Elle a cité, en ce sens, le processus du Barcelone et la création du groupe des 5+5. L'invitée du CCF a indiqué, dans ce sillage, que la construction d'un bloc homogène passe inévitablement par le lancement de petits projets économiques et culturels. Elle a laissé entendre que la concrétisation de l'UPM pourrait avancer mieux avec un couple franco-algérien, constitué à l'image du couple franco-allemand. Elle n'a pas, toutefois, exclu la création d'un couple similaire avec l'Egypte où le Maroc. Invitée à donner sa vision sur la construction d'un bloc maghrébin, Mme Lenoir indiquera que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie auront à gagner plus s'ils arrivent à réussir leur intégration. "Ça leur permettra de négocier dans une meilleure position avec l'Union européenne", a-t-elle dit. Mme Noëlle Lenoir a avancé, d'autre part, qu'"il n'y a pas de divergences" entre l'Allemagne et la France au sujet du projet de l'UPM . Même cas de figure pour ce qui concerne l'actuel problème de la régulation financière au sein de l'UE. Selon cette membre du Conseil constitutionnel français, les rapports franco-allemands se portent biens. Pour preuve, arguera-t-elle, Angela merkel et Nicolas Sarkozy se rencontrent souvent dans le cadre de "dîners intimes, sans conseillers." Parlant de la montée de l'extrême droite en France et dans la plupart des pays de l'Europe, la conférencière estimera que la xénophobie traduit "un sentiment de peur" qui a envahit le Vieux continent des suites des flux migratoires. La xénophobie, selon ses dires, ne concerne pas uniquement les Africains mais aussi les ressortissants des pays de l'Europe de l'Est. Signalons, enfin, que l'ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes, en déplacement non officiel à Alger, a usé d'un discours flatteur à l'endroit de l'Algérie. "Un pays très riche en ressources naturelles et très fier de son identité". Un discours, faut-t-il le dire, qui s'inscrit en droite ligne avec la vision, ancienne et rétrograde, d'une Europe dominante vis-à-vis de ses anciennes colonies. Beaucoup reste à faire entre les deux rives de la Méditerranée. Pas uniquement sur le plan économique mais surtout au niveau des mentalités.