Le parti nationaliste kirghiz Ata-Jourt, arrivé en tête des législatives de dimanche, a menacé mercredi de fermer la base aérienne dont disposent les Etats-Unis dans ce pays, cruciale pour les opérations de la coalition en Afghanistan. 'Nous allons soulever la question au Parlement sur le retrait de la base militaire américaine', a déclaré Akhmatbek Keldibekov, numéro deux de la formation. 'La décision va être prise après des consultations avec les autres partis au Parlement. Nous devons créer une large coalition', a pour sa part souligné le leader d'Ata-Jourt, Kamtchybek Tachiev. Ata-Jourt, proche de l'ancien président Kourmanbek Bakiev renversé par une sanglante révolution en avril, a obtenu le meilleur résultat aux législatives dimanche, censée marquer l'instauration d'une république parlementaire au Kirghizistan. Avec 28 sièges sur 120, il est cependant loin d'avoir la majorité et doit former une coalition. Le Kirghizistan, un Etat très pauvre d'Asie centrale, est le seul pays au monde à héberger une présence militaire à la fois russe et américaine. La Russie y maintient une base militaire depuis l'époque soviétique. Les Etats-Unis y ont installé en 2001 une base aérienne à l'aéroport de Manas, près de Bichkek, par laquelle transitent chaque mois des dizaines de milliers d'hommes engagés dans l'opération armée en Afghanistan. Manas, où opèrent 1 200 militaires américains, est aussi essentiel au ravitaillement en carburant des avions engagés dans le conflit contre les talibans. Le loyer versé par les Etats-Unis pour l'utilisation de la base de Manas est de 60 millions de dollars (43 millions d'euros), auxquels s'ajoutent 110 millions de dollars d'aide gouvernementale. Les accords sur le maintien de la base ont été signés par le président kirghiz déchu Kourmanbek Bakiev, au grand dam de la Russie, à laquelle il en avait promis la fermeture. Notons par ailleurs, que les cinq partis politiques assurés d'être représentés au parlement après les élections législatives au Kirghizistan sont convenus de procéder à un nouveau comptage des voix, a déclaré mercredi un dirigeant de l'une de ces formations. Les résultats seront connus dans un délai d'un ou deux jours et ils pourraient permettre à une sixième formation, Boutoun Kirghizistan, d'obtenir des sièges au parlement après le scrutin de dimanche. Illustrant la tension qui entoure les résultats du scrutin, quelque 1.000 partisans de cette formation se sont rassemblés mardi à Och, une ville du sud du pays d'où sont parties les violences ethniques de juin, pour dénoncer des cas de fraudes électorales. "Nous allons annoncer un recomptage des voix par des moyens archaïques, comme le faisaient nos grands-pères, avec des bouliers", a déclaré Akilbek Japarov, l'un des dirigeants d'Ar-Namys, parti de l'ancien Premier ministre Felix Koulov. Les cinq partis ont admis qu'il y avait pu avoir des irrégularités concernant le nombre de votants, a-t-il fait savoir. Le chiffre de 2,85 millions d'électeurs, annoncé dans un premier temps, pourrait avoir été gonflé de 200.000 voix pour atteindre plus de 3 millions de bulletins. "La principale condition pour que cette élection soit reconnue par le peuple kirghiz est qu'elle soit honnête", a estimé Japarov. "Nous comprenons que la place des partis représentés au parlement puisse alors être modifiée". Adakhan Madumarov, dirigeant du Boutoun Kirghizistan, s'est dit confiant dans la possibilité que son parti dépasse les seuil des 5% requis pour entrer au parlement. Selon un premier comptage, il recueille 4,8% des voix. Le parti Aja Jourt a réalisé le meilleur score aux législatives (8,8%) devant le parti social-démocrate du Kirghizistan (8%), le parti Ar-Namys (7,7%), Respublika (7,2%) et Ata Meken (5,6%)