Le Pakistan est disposé à favoriser les discussions de réconciliation entre le gouvernement afghan et les insurgés taliban, a déclaré vendredi à Bruxelles le ministre pakistanais des Affaires étrangères. Shah Mehmood Qureshi, s'adressant à des journalistes, a souligné que son pays avait tout intérêt à ce que l'Afghanistan retrouve la paix et la stabilité. "Les Afghans le méritent, nous sommes là pour les aider, pour les assister, parce que nous voulons un Afghanistan stable et pacifique", a-t-il dit. Jeudi, dirigeants américains et responsables de l'Otan réunis dans la capitale belge ont également indiqué qu'ils étaient prêts à soutenir le président Hamid Karzaï dans ses efforts de réconciliation avec les taliban. Washington fera "tout ce qu'il faut" pour mettre en route ces efforts de paix, a notamment déclaré le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates. Notons que le président du Haut Conseil afghan pour la Paix a assuré jeudi qu'il entendait se montrer souple sur les strictes conditions préalables fixées par Hamid Karzaï pour l'ouverture de discussions avec les taliban. Burhanuddin Rabbani, désigné cette semaine pour diriger cette instance, a déclaré qu'au sein du gouvernement afghan et parmi les nations occidentales, un consensus émergeait sur la nécessité de trouver un règlement politique à la guerre qui entre dans sa dixième année. Le président Karzaï, qui dirige l'Afghanistan depuis le renversement des taliban, en 2001, prône depuis longtemps le dialogue avec les insurgés, mais seulement s'ils renoncent à la violence, rompent tout lien avec al Qaïda et acceptent la nouvelle Constitution afghane. Washington a dit considérer ces conditions comme des "lignes rouges". Le président afghan a néanmoins déclaré la semaine dernière que le Conseil était totalement indépendant dans ses efforts pour ouvrir des discussions avec les taliban, ce qui a été interprété par certains de ses membres comme un signe d'assouplissement des conditions qu'il avait posées. Rabbani s'est dit ouvert à un compromis si les taliban et d'autres activistes viennent à la table de négociations. "Pendant les négociations, il est possible de faire preuve de souplesse sur certaines questions qui paraissent compliquées et difficiles", a-t-il dit à propos des risques de voir des conditions préalables décourager les taliban de négocier. Des responsables de la Force internationale d'assistance à la sécurité (Isaf) et des personnalités afghanes ont confirmé que des contacts préliminaires avaient été établis entre le gouvernement Karzaï et les taliban. Mais un porte-parole des taliban a démenti ces informations qu'il a taxées de propagande et il a rejeté le Haut Conseil pour la paix. Les taliban réclament que toutes les forces étrangères quittent le pays avant d'ouvrir des négociations. "Avoir des positions fermes au début fait partie des négociations (...). De telles déclarations ne doivent pas nous décourager", a déclaré Rabbani, ajoutant que le Conseil peaufinait sa stratégie en vue de l'ouverture de discussions. Comme bon nombre de taliban, Rabbani est un religieux musulman et il a eu ces dernières années des discussions avec certains membres du mouvement bien que ses forces aient aidé Washington à chasser les taliban du pouvoir. Il fut le dirigeant d'un puissant parti de moudjahidine pendant l'occupation soviétique de l'Afghanistan, dans les années 1980, et il a été chef de l'Etat dans les années 1990, époque à laquelle les factions de moudjahidine se sont disputé le pouvoir jusqu'à la victoire des taliban. Avec la multiplication des attaques lancées par les taliban - l'insurrection n'a jamais été aussi meurtrière depuis 2001 en dépit de la présence de 150.000 soldats étrangers - et le soutien déclinant des pays occidentaux pour cette guerre, Hamid Karzaï a obtenu en juin d'une assemblée tribale le feu vert pour constituer un Haut Conseil pour la paix.