La ministre française de la Justice et des libertés, Michèle Alliot-Marie, effectue, à partir d'aujourd'hui, une visite officielle de 2 jours à Alger. Selon un communiqué du ministère de la Justice, rendu public hier, ce déplacement portera sur "l'évaluation de la coopération juridique et judiciaire" entre l'Algérie et la France et "les possibilités de son élargissement ". La visite sera également, ajoute la même source, une occasion pour aborder les moyens de "renforcement des relations bilatérales". Le ministre algérien de la Justice, garde des Sceaux avait indiqué, jeudi dernier, à l'APN, à propos de cette visite qu'"il n' y a pas d'utilité à signer de nouveaux accords", estimant que "les accords existants sont suffisants". Certes importante, cette visite s'inscrit dans le cadre d'une série d'efforts diplomatiques déployés par l'Elysée dans le dessin de désamorcer la crise avec Alger. Une crise liée étroitement à la question de la repentance. La visite de Michèle Alliot-Marie survient quelques semaines seulement, après celle effectuée par Anne-Marie Idrac, secrétaire d'Etat chargée du Commerce extérieure. Anne-Marie Idrac, qui a adopté une attitude prévenante, a été reçue par le président Bouteflika, contrairement à Claude Guéant, SG de l'Elysée. Claude Guéant, dépêché par Sarkozy en février dernier, est rentré bredouille, après avoir été reçu par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Quelque temps plus tard, c'était au tour des "anciens" responsables français d'effectuer leur ballet diplomatique non officiel. Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre de l'Intérieur et Noëlle Lenoir, ancienne ministre déléguée aux Affaires européennes, sont venus, à un court intervalle, en visite qui se voulait de courtoisie ou plutôt à caractère culturel. Invités par le Centre culturel français d'Alger, un organisme dépendant du Quai d'Orsay, ces ex-membres du gouvernement français ont eu à donner des conférences sur les rapports algéro-français. Ils ont même rencontré de hauts responsables algériens. Cette manœuvre politique subtile, faut-t-il le reconnaître, pourrait aboutir à un dégel, sans s'encombrer des charges officielles. Il faut dire, par ailleurs, que la relaxe du diplomate Hasseni, arrêté en France dans le cadre de l'affaire de l'assassinat du militant du FFS Ali Mecili, aurait pu inaugurer un début de réchauffement des relations entre les deux capitales, si ce n'est les derniers événements survenus au Sahel, sur le territoire malien. Il va sans dire que l'intervention militaire de Paris, avec la complicité de l'armée mauritanienne, à un jet de pierre des frontières algériennes, n'a pas été du goût d'Alger. Une intervention musclée qui va en contresens de la vison algérienne prônant une solution locale, regroupant exclusivement les pays de la région. D'ailleurs, Alger n'a pas caché son refus catégorique de toute forme d'ingérence étrangère dans la Sahel, pour lutter contre les terroristes de l'Aqmi ou sous d'autres prétextes. Signalons, enfin, que la France à tout intérêt à rétablir des relations normales avec l'Algérie. L'Hexagone a perdu du terrain dans ses changes économiques avec l'Algérie, au profit de ses concurrents chinois, américains et arabes, mais aussi, européens. Michèle Alliot-Marie qui vient aujourd'hui à Alger, sur invitation de son homologue Tayeb Belaïz, devrait rencontrer le président Bouteflika afin de lui transmettre un message du locataire de l'Elysée qui multiplie les démarches pour apaiser la tension avec Alger.