La campagne électorale pour le scrutin présidentiel du 31 octobre en Côte d'Ivoire a bel et bien démarré mais timidement vendredi à Abidjan, la capitale économique ivoirienne, dont les principales artères sont parées de posters géants et d'affiches à la gloire des candidats. Dans les rues, les affichent des 14 candidats fleurissent avec une primauté pour le président sortant, Laurent Gbagbo, et ses deux principaux rivaux Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara. "Pour la Côte d'Ivoire, je vote Gbagbo", "La guerre est finie, maintenant le développement. En avant", peut-on lire les affiches du candidat de La Majorité présidentielle (LMP), Laurent Gbagbo, un large sourire aux lèvres, avec en fond un pont et des bâtiments symbolisant sur ses projets pour le "grand Abidjan" et la capitale politique Yamoussoukro. Pour ce jour de démarrage, Laurent Gbagbo a choisi la ville de Man (ouest, 700 km d'Abidjan) pour son lancer son appel à voter pour lui. Les directions de campagne à Abidjan ne chôment pas pour autant. A Cocody les Deux plateaux, un chapiteau et des bâches ont été dressés annonçant une longue nuit de prestation d'artistes et de messages de mobilisation des militants. Dans le quartier de Koumassi, l'accent est mis sur l'ambiance dans les rues. Mais la pluie qui s'est abattue sur la ville toute la journée a semblé freiner les ardeurs. Seul un char transportant quelques jeunes vêtus de tee-shirt à l'effigie de Laurent Gbagbo et reprenant à tue-tête des chansons à sa gloire a osé sillonner la cité. Au siège du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) d'Henri Konan Bédié, pas d'effervescence particulière. A part le ballet des chefs de délégation venant récupérer tee-shirt, affiches et autres gadgets, rien n'indique que la campagne est ouverte. Henri Konan Bédié a décidé de tenir son premier meeting dans le cadre de la campagne officielle lundi à Daloa (centre ouest, 400 km d'Abidjan) et un autre mardi à Yamoussoukro avant la dernière ligne droite à Abidjan. L'ex-président de la République renversé par un coup d'Etat militaire en 1999 mise sur son "expérience". Ces affiches qui le présentent, un petit sourire en coin, avec en arrière plan un Abidjan futuriste, soulignent qu'il entend mettre cette "expérience" au service de l'avenir, de la jeunesse. Le candidat du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Ouattara, a choisi une déclaration publique présentant son programme de gouvernement suivie d'une conférence de presse pour le lancement de sa campagne à Abidjan. L'ex-Premier ministre a insisté sur l'indépendance de la Côte d'Ivoire qui jette "les bases du développement du pays dans la discipline, l'union et le travail". Il a mis en exergue le coût de son programme estimé à 12 000 milliards de FCFA dont vont bénéficier toutes les régions du pays à travers la construction de centres de santé et d'hôpitaux et la création d'emplois.Alassane Ouattara qui revient d'une tournée à l'intérieur du pays, dans la région des Savanes (Korhogo, 700 km au nord d'Abidjan) doit assister à un concert public dans le quartier populaire de Yopougon en prélude à un meeting samedi. Les candidats ont deux semaines pour convaincre les électeurs estimés à 5,7 millions qui espèrent pouvoir entrer en possession de leur carte d'électeur avant le scrutin tant attendu du 31 octobre.De son côté, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, s'est félicité vendredi du lancement de la campagne électorale, et des avancées enregistrées à ce jour dans le cadre du processus électoral en Côte d'Ivoire. "Il exhorte toutes les parties à mener leur campagne électorale dans le calme et dans le même esprit de consensus que lors de la signature de l'Accord politique de Ouagadougou", a indiqué son porte-parole Martin Nesirky dans une déclaration, alors que le scrutin présidentiel est prévu le 31 octobre. Le secrétaire général a par ailleurs lancé un appel à toutes les parties concernées afin qu'elles préservent le climat politique positif actuel. Il a également exhorté les parties à se conformer à l'article 6.6 de l'Accord de Ouagadougou et au Code de bonne conduite signé le 24 avril 2008. Dans le même temps, il a réaffirmé la nécessité pour les parties d'accepter les résultats qui seront proclamés et certifiés, et de résoudre tous les litiges par le biais des mécanismes légaux en vigueur, a ajouté son porte-parole. "La tenue d'élections ouvertes, libres et transparentes en Côte d'Ivoire constitue une étape majeure vers une résolution pacifique de la crise. A cet effet, le secrétaire général encourage vivement toutes les parties et le peuple ivoirien à garantir l'engagement du pays sur la voie de la paix et de la stabilité", a-t-il encore déclaré. L'élection présidentielle, attendue depuis 2005 en Côte d'Ivoire, vise à mettre fin à la crise qui a littéralement coupé le pays en deux après le putsch manqué de l'ancienne-rébellion des Forces nouvelles en septembre 2002. Un peu plus de 5,7 millions d'Ivoiriens sont appelés à choisir leur président de la République parmi 14 candidats.