L'ouverture du marché intérieur aux produits à bas prix concurrencerait ainsi les produits fabriqués localement, amènerait la fermeture ou la délocalisation des entreprises locales, ferait augmenter le chômage local. La mondialisation portée par une concurrence sans pitié provoque la ruine et la fermeture des entreprises des pays en développement, alors qu'une guerre sur le plan militaire provoque la destruction des entreprises industrielles. L'effet est donc pratiquement le même. Tout se passe comme s'il n'y a pas de solidarité inter africaine, de partage des biens, sauf bien des aspirations. Les entraides sont plutôt émotionnelles et pas matérielles. L'Afrique et les pays en développement, les pays arabes par exemple, ont besoin qu'enfin les pays riches, les puissances industrielles, consentent à vraiment les aider à se développer et à mettre en œuvre une coopération qui ne signifie pas une guerre économique, une politique internationale d'échanges créatrice d'emplois durables et non pas de confrontations sous forme de concurrence impitoyable où les vainqueurs sont connus d'avance. Et pourtant, c'est bien ce qui est craint qui risque de se passer. Ce n'est pas parce que des Etats africains ont décidé de se rencontrer, que d'un coup les avoirs africains déposés l'étranger, hors espace africain, vont être rapatriés et investis dans le continent. On verra si seulement ceux qui en disposent à l'étranger vont retrouver le sentiment national et exprimer la solidarité nationale. Dans sa globalité, maintenant que les pays africains sont placés selon le guide libyen dans la perspective de leur constitution en une entité appelée les Etats-Unis d'Afrique, une perspective qui ne serait pas lointaine, l'Afrique (des pays africains) ne devrait plus connaître la famine, une catastrophe sanitaire et une tendance de ses jeunes à chercher ailleurs, au delà de la Méditerranée, un emploi au prix même de leur vie. Un appel au secours n'est entendu sans être écouté que dans les forums économiques et pas ailleurs, alors qu'il est largement connu qu'il y a des urgences qui s'expriment de la part de tels pays. Devant l'accroissement inévitable du chômage et du risque de mouvements sociaux qui tendraient vers la violence, qui donneraient éventuellement des argumentations supplémentaires au terrorisme qui ne manquerait pas l'occasion de faire des campagnes de recrutement pour renouveler leurs effectifs et donc aggraver la situation de sécurité et d'instabilité. Il y a également des risques d'effondrement des industries que ces pays ont mises en place au prix d'un endettement important et donc les risques de faillites des entreprises avec leur inévitable cortège de licenciements et donc de perturbation sur le front social. De tels pays devraient être aidés à protéger leur marché intérieur. Des zones africaines de libre-échange ? Plutôt une zone africaine de libre-échange des produits importés d'ailleurs et vendus sur le marché intérieur africain et non pas des produits fabriqués en Afrique même. Il n'y aurait ainsi que les pays en développement à ne pas protéger leur marché intérieur. Quand bien même il y a des accords internationaux tendant à l'ouverture des marchés intérieurs, le patriotisme économique prendrait fatalement le pas sur le sacrifice des engagements internationaux. Quand on dit patriotisme économique, ce sont les pays riches qui y ont recours, alors que ce sont les pays en développement qui nécessitent d'y faire recours. De quelle coopération ont besoin les pays africains ? ll faudrait bien poser tous les termes de l'équation. On se rappelle de la concertation au sein des pays de l'alliance pour opposer un front au textile chinois, au point même de vouloir exiger des Chinois qu'ils alignent leurs normes sociales sur celles des pays occidentaux. Les pays occidentaux s'opposaient ainsi à l'entrée sur leur territoire de produits à bas prix, tandis que le traité constitutionnel européen avait été rejeté par les Français, rejet motivé par l'épouvantail "ouvrier polonais".