Photo : Sahel Par Smaïl Boughazi Le gouverneur de la Banque d'Algérie a répondu, hier, aux questions des députés s'agissant des répercussions de la crise financière sur notre pays. Après avoir dépeint la situation financière qui prévaut dans le monde, caractérisée par des nationalisations en cascade de grandes banques et une récession de l'économie mondiale qui se confirme de plus en plus, le responsable de la BA a mis l'accent sur certains points qui pourraient avoir un effet sur notre pays. Il commencera par «l'inflation importée» qui pourrait toucher le pays du fait de l'augmentation consistante des importations du pays en matière de produits alimentaires et de services. Il dira, à cet effet, que notre pays, à l'instar des pays en développement, pourrait subir les affres de l'inflation qui a atteint un seuil important dans les pays en développement, voire une inflation à deux chiffres dans certains pays. Néanmoins, précisera-t-il, selon un rapport de la Banque mondiale, qui sera publié prochainement, l'inflation dans les pays du Maghreb serait moins importante qu'ailleurs, dédramatise-t-il. Le deuxième point auquel M. Laksaci fera référence est la baisse du taux de rendement des banques au niveau international ainsi qu'un retournement des marchés énergétiques. Mis à part ces points, Laksaci a rassuré quant à la gestion des réserves de changes. Sur ce point, il a sous-entendu que la politique prônée depuis 2006 a porté ses fruits. Les arguments avancés par l'hôte de l'APN sont, entre autres, les règles régissant les banques centrales. Selon ses dires, ce sont des «règles de bonne conduite». Il a évoqué, dans ce sens, l'existence d'«un portefeuille de référence» pour les devises. Les banques centrales accordent aussi, selon M. Laksaci, une grande importance à une meilleure approche entre les risques et le rendement. Globalement, il fera état d'un «processus de décision codifié» et d'«une prudence» accrue perçus au niveau de ces banques en plus d'«un minimum de coordination» entre elles. Par ailleurs, le gouverneur de la BA a rappelé aussi que l'Algérie a opté pour la diversification de ses placements selon les devises. Depuis 2004, a-t-il indiqué, l'Algérie a placé ses réserves en dollar, en euro et en livre sterling, ce qui permet à ses yeux d'éviter et de se prémunir contre les risques que subissent les taux de ces différentes devises. D'ailleurs, fait-il remarquer, cette politique a permis à l'Algérie d'avoir un taux de rendement des bénéfices de 4,7% en 2007 contre 4% en 2006. M. Laksaci a informé aussi que les réserves de changes placées au niveau des banques commerciales ont été transférées vers les banques centrales, bien que, affirme-t-il, des banques ont proposé des taux d'intérêt qui ont atteint 10 à 11% à la veille de cette crise financière. D'une manière générale, le gouverneur de la BA a rassuré les députés quant à la bonne santé financière du pays, indiquant qu'un excès de liquidités a été enregistré cette année. Évoquant les actions entamées par la BA pour accélérer les améliorations, cette institution a entamé la réalisation d'un certain nombre de projets. Selon les réponses de M. Laksaci, la BA a réalisé la refonte du reporting mensuel des banques et établissements financiers par la mise en place de canevas plus détaillés, à même de permettre un suivi plus fin de l'évolution de leurs agrégats au niveau micro. Ce reporting, selon Laksaci, entrera en vigueur avant la fin du mois en cours. Un groupe de travail a été mis en place afin d'élaborer des textes réglementaires relatifs aux normes comptables de standard international. Ce projet de texte, précise le gouverneur de la BA, fait actuellement une évaluation avant sa présentation au Conseil de la monnaie et du crédit. Il a également indiqué qu'un autre groupe de travail a été installé afin de mettre en œuvre les normes de Bâle 2. Ledit groupe «prendra en charge les aménagements de ces normes prudentielles à la lumière des enseignements tirés de la crise financière». Les centrales des risques seront aussi modernisées à la faveur d'un nouveau projet qui contribuera à une meilleure gestion des risques par les banques, sachant que la question de la gestion des risques crédit a émergé au niveau mondial dans cette phase de crise financière. Un autre projet de texte réglementaire a été préparé portant coefficient de liquidité, et ce, afin d'amener les banques à prendre en charge la gestion du risque de liquidités selon les standards internationaux qui viennent eux-mêmes d'être renforcés. Parmi les mesures prises par la BA, il y a lieu de signaler également l'engagement d'un processus d'évaluation de la solidité financière des banques et établissements financiers au moyen de stress tests qui sont des tests de sensibilité aux risques potentiels. Le gouverneur de la Banque d'Algérie a, enfin, annoncé le réaménagement du dispositif prudentiel (ratio de transformation et project financing) dans l'objectif de stimuler l'investissement productif par les banques.