Quelque dix millions de Grecs sont appelés aux urnes dimanche à l'occasion d'élections municipales et régionales aux allures d'un référendum sur la politique d'austérité du Premier ministre Georges Papandréou. Le chef du gouvernement a menacé de dissoudre le Parlement si les électeurs désavouent les réductions budgétaires et les réformes structurelles adoptées en mai en échange d'une aide de 110 milliards d'euros de l'Union européenne et du FMI. "Je ne suis pas collé à ma fonction. La seule chose qui m'intéresse est de me battre pour mon pays. Il appartient aux citoyens de dire à qui ils font confiance pour gouverner ce pays", affirme Papandréou dans un entretien au journal Ethnos. "Les citoyens décideront dans l'élection d'aujourd'hui si nous devons continuer à avancer sur le chemin du salut ou si nous devons revenir à la dégradation et la faillite de la Grèce", ajoute-t-il. Papandréou précisait samedi dans le quotidien Ta Nea que sa décision dépendrait en grande partie des résultats du premier tour de ces élections dans les 13 régions nouvellement créées. Il n'a pas fixé d'objectif chiffré, se laissant une marge de manoeuvre pour la convocation d'éventuelles élections parlementaires anticipées. Arrivé au pouvoir en octobre 2009, le gouvernement socialiste envisageait un accroissement des dépenses sociales mais la situation financière catastrophique de la Grèce l'a contraint à changer d'orientation et à s'engager dans la rigueur: baisse des dépenses, hausse des impôts, gel des retraites. A la veille du scrutin, Papandréou a clairement indiqué qu'il avait besoin d'un soutien électoral pour poursuivre sa politique d'austérité bien que les observateurs estiment que sa stratégie pourrait mettre en péril son programme fiscal. "Je crois que sa stratégie est risquée et qu'elle n'est pas nécessaire", juge Andreas Scheuerle, économiste à la DekaBank. "Cela sera formidable si son pari réussit mais dans le cas contraire, il risque d'ouvrir un débat sur la possibilité ou non de poursuivre la politique d'austérité", ajoute-t-il. Contrairement aux gouvernements d'autres pays très endettés comme l'Irlande ou le Portugal, les socialistes grecs disposent d'une large majorité parlementaire et de récents sondages leur donnent l'avantage sur les conservateurs de la Nouvelle démocratie. Selon les enquêtes d'opinion, le Pasok de Papandréou est à l'abri d'un revers électoral d'envergure, mais il n'est pas à l'abri de la défaite dans plusieurs régions importantes, dont celle d'Athènes. La fermeture des bureaux de vote est prévue à 17h00 GMT et des projections officielles sur la base des premiers résultats sont attendues deux heures plus tard.Notons par ailleurs qu'au Portugal, plusieurs dizaines de milliers de fonctionnaires ont défilé, samedi 6 novembre à Lisbonne, pour protester contre la politique d'austérité menée par le gouvernement socialiste, et notamment la baisse des salaires dans la fonction publique. Cette première manifestation doit être suivie d'une grève générale le 24 novembre, à l'appel de l'ensemble des syndicats portugais. Le cortège a occupé le centre de la capitale portugaise pendant plus de deux heures. Selon la CGTP, principale centrale syndicale portugaise, près de 100 000 personnes étaient présentes. La police portugaise a pour règle de ne jamais communiquer ses estimations lors des manifestations. Avec cette mobilisation, les syndicats apportent une première réponse au gouvernement du premier ministre José Socrates, qui a adopté en cours de semaine un budget 2011 d'une rigueur inédite. Sous la pression de Bruxelles et des marchés financiers, le gouvernement portugais s'est engagé à faire des économies de l'ordre des cinq milliards d'euros afin de réduire son déficit public à 4,6 % du PIB fin 2011, contre 7,3 % attendu cette année. Cela s'est notamment traduit par une baisse de 3 à 10 % des salaires de l'administration et des entreprises publiques, un plafonnement des prestations et aides sociales ainsi que l'augmentation de la TVA.