Un jeune homme a été tué jeudi 25 novembre dans l'ouest ivoirien, fief de Laurent Gbagbo, lors d'échauffourées entre partisans du chef de l'Etat et de l'ex-premier ministre Alassane Ouattara. A trois jours du second tour, il s'agit du premier décès survenu dans les heurts qui opposent depuis une semaine des militants du camp présidentiel et de l'opposition. Le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, a annoncé qu'un couvre-feu serait imposé dimanche soir, après le second tour. Le jeune homme, dont l'âge n'a pas été précisé, a été présenté comme étant un sympathisant de M. Gbagbo par un agent de la sous-préfecture de Bayota (300 km à l'ouest d'Abidjan). Selon cette source, la victime a trouvé la mort après avoir été poignardée par un militant pro-Ouattara à l'issue d'affrontements entre les deux groupes, pour avoir arraché une affiche de campagne de l'opposant. Une source sécuritaire locale a confirmé ces affrontements et ce décès. La gendarmerie de Bayota aurait interpellé quatre personnes, dont l'auteur présumé du meurtre. Quelque 5,7 millions d'Ivoiriens sont appelés à départager dimanche le chef de l'Etat sortant Laurent Gbagbo et l'ex-premier ministre Alassane Ouattara au second tour d'une présidentielle sous tension, destinée à enterrer une décennie de coups d'Etat et de troubles. Face aux menaces de violences, le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé de transférer de sa mission au Liberia voisin 500 hommes et une unité aérienne pour renforcer l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire. Dans un pays qui porte les séquelles de plus de dix ans de crise sociopolitique, la tenue des élections n'était pas gagnée d'avance. Coups d'Etat et guerre civile ont repoussé plusieurs fois le scrutin, depuis 2005. Alors, avec un premier tour jugé pacifique et un face-à-face télévisé historique, jeudi soir, la démocratie semblait avoir marqué des points. Mais la méfiance est plus que de rigueur désormais. Sur la transparence, notamment. La mission d'observation de l'Union européenne rencontre ainsi "des obstacles importants d'accès aux différentes opérations électorales". Des "obstructions inacceptables" de la part de la Commission électorale indépendante, a précisé Christian Dan Preda, le responsable de la mission, empêchée "notamment de voir l'impression des bulletins". Or, des doutes sur les résultats fragiliseraient encore le pays. Comme en 2000, lorsque Laurent Gbagbo était arrivé au pouvoir après un scrutin toujours contesté. La crainte reste que "chaque camp se lève et s'autoproclame vainqueur", analyse Jean-Pierre Dozon, directeur d'études à l'Ehess. Ce qui risquerait d'embraser les rues, avec des partisans galvanisés par la joute verbale à laquelle se livrent les candidats. Les premiers incidents ont d'ailleurs déjà été signalés à Cocody. Pour parer aux violences, l'armée et les casques bleus ont été renforcés. Le duel s'annonce serré et les Ivoiriens craignent que quelqu'un ne craque la première allumette.