La monnaie européenne poursuit sa descente infernale depuis que la crise de la dette en Europe refait surface avec l'Irlande. L'euro, qui se traite à 1,3235 dollar, est au plus bas depuis plus de deux mois. L'euro a franchement cassé ce vendredi la barre de 1,33 dollar, poursuivant sa chute réenclenchée depuis que les dirigeants européens préparent leur traitement contre la maladie des finances publiques en Irlande, et en prévention d'une contagion à d'autres pays faibles de l'Europe, à commencer par le Portugal et l'Espagne. La monnaie unique avait repris un peu d'air hier, jeudi, les investisseurs ayant été -une temps seulement- rassuré par les propos optimistes de la chancelière allemande Angela Merkel sur la capacité de la monnaie unique à surmonter la crise. "J'ai plus confiance qu'au printemps (pendant la crise grecque, NDLR), que l'Union européenne va sortir renforcée des turbulences actuelles", a déclaré jeudi Mme Merkel lors d'un colloque économique organisé à Berlin par le quotidien Süddeutsche Zeitung. "Les négociations (sur le plan de sauvetage irlandais, ndlr) semblent bien progresser mais ne soulagent pas la pression sur l'euro", observaient les analystes de Commerzbank. Selon des sources diplomatiques, le plan en faveur de l'Irlande, négocié par le gouvernement irlandais d'une part, les experts de la Commission européenne, de la Banque centrale européenne (BCE) et du Fonds monétaire international (FMI) d'autre part, a de bonne chances d'être finalisé dès dimanche. De leur côté, la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy ont souhaité un accord rapide dans les négociations sur la mise en place d'un plan d'aide financier à l'Irlande, au cours d'un entretien téléphonique jeudi soir. "De toute évidence, le marché s'est déjà détourné de l'Irlande pour se concentrer désormais sur le Portugal et l'Espagne", également en proie à de sévères difficultés budgétaires et que de nombreux observateurs voient comme les prochains candidats à une aide extérieure, expliquaient les experts de Commerzbank. Le chef du gouvernement socialiste espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a tenté vendredi de désamorcer les rumeurs sur son pays en déclarant qu'il écartait "absolument" l'éventualité d'un sauvetage de l'Espagne, comme cela a été le cas pour l'Irlande. Preuve des craintes accrues d'une contagion de la crise en zone euro, le taux de rendement des obligations d'Etat à 10 ans du Portugal et de l'Espagne, comme de l'Irlande, continuaient à se tendre vendredi, augmentant toujours plus le coût d'emprunt de ces pays sur le marché. Ainsi "l'euro devrait rester sous pression en l'absence de perspectives d'amélioration de la situation" sur le marché obligataire, anticipait Commerzbank. Outre la crise en zone euro, les marchés restaient ternes vendredi du fait de l'absence de nombreux opérateurs américains à l'occasion d'un long week-end pour la fête de Thanksgiving, notaient des analystes. Après être restés fermés jeudi, les marchés américains n'opéraient que pour une demi-séance vendredi. De plus, le dollar, considéré comme une valeur refuge, profitait d'un regain de tensions géopolitiques entre les deux Corées, alors que des bruits d'explosion semblant venir de la Corée du Nord, près d'une île sud coréenne bombardée mardi par Pyongyang, ont été entendus à plusieurs reprises vendredi.