L'Algérie pourrait être le Hub de la finance islamique en Méditerranée. Néanmoins, le marché reste à l'état embryonnaire. dans ce contexte, et afin de promouvoir cette forme de financement éthique, l'université Ammar Tlidji, de Laghouat, a initié une journée d'étude qui s'est fixé pour objectif l'examen de la théorie de la finance islamique, la définition des sources et systèmes bancaires, les solutions préconisées par la finance islamique face à la crise financière mondiale et l'examen des expériences des banques islamiques en Algérie. Le Dr. Saïd Bouhraoua, de l'Académie internationale des recherches légales en Malaisie a abordé, dans ce contexte, la question de développement et des options financières islamiques qui devront, a-t-il dit, constituer une priorité pour les opérateurs financiers à la faveur de la disponibilité d'un riche éventail de financements islamiques. Le conférencier, également expert à la banque centrale de Malaisie, a suggéré d'opter pour l'option du système financier légal consistant en la réglementation, l'organisation et l'union entre la Charia et l'expérience humaine moderne, et les paramètres d'échange et de compétition entre institutions bancaires islamiques et les banques traditionnelles. Pour rappel, le directeur d'Isla Invest, un bureau de consulting basé à Paris, Zoubeir Ben Terdeyet a indiqué récemment dans une interview qu'il a accordée à econostrum.info que "l'Algérie pourrait être le Hub de la finance islamique en Méditerranée". Il a estimé dans ce sens que les banques islamiques n'ont pas de grandes parts de marché en Algérie , mais sont rentables. Il a aussi estimé que la réglementation algérienne n'est pas adaptée au développement de la finance islamique. M. Ben Terdeyet a également déclaré qu'au niveau maghrébin la Tunisie a une petite longueur d'avance, mais l'Algérie a toutes les chances de devenir le Hub de la finance islamique en Méditerrané. " Elle part de zéro, elle a moins de remises en cause ou de problèmes ", a-t-il soutenu. Et d'ajouter qu' " un pays qui est vierge en termes de conception et de stratégie, c'est là qu'il faut battre le fer pendant qu'il est chaud. Au lieu de placer son argent avec des taux de rendement négatifs, l'Algérie pourrait créer une place financière avec des rendements positifs ". L'Algérie est devenue aujourd'hui une terre de prédilection au Maghreb pour les banques islamiques. La présence d'Al Baraka Banque, d'Al Salam Bank et les nombreuses demandes d'agréments sont là pour l'attester. Par ailleurs, certaines banques conventionnelles sont sur le point de franchir le pas avec la mise en place d'Islamic Windows. Les organisateurs estiment que le forum d'Alger aura se pencher sur toutes ces à questions. Selon les derniers chiffres rendus publics par Standard & Poors, les émissions de "sukuks" (obligations islamiques) ont atteint au premier semestre 2010, 13,7 milliards de dollars, soit presque deux fois plus qu'au premier semestre 2009 (7,1 milliards). Standard & Poor's, dans sa dernière étude sur le sujet, voit une embellie sur le marché, même si le niveau reste loin de celui d'avant-crise, où des sukuks avaient été émis à près de 35 milliards de dollars en 2007. Les obligations souveraines ont représenté 75% du volume des émissions. Les institutions financières d'Asie et du Golfe retournent graduellement sur le marché. Le Japon (au travers de Nomura Holdings) a lancé en juillet son premier sukuk pour 100 millions de dollars. S&P anticipe donc une croissance soutenue pour la deuxième partie de l'année, venant à la fois de la reprise des émetteurs historiques et de l'entrée en lice de nouveaux acteurs, notamment privés, "à supposer que la reprise économique se poursuive". Les clés de l'expansion du marché pour S&P résident donc dans la mise en place de procédures de défaillance, une standardisation de l'interprétation de la charia au niveau de la finance islamique, et une augmentation de la liquidité des sukuks en les intégrant sur les marchés réglementés. Il faut noter que la finance islamique a bien résisté à la crise financière mondiale. La finance islamique brasse des flux de 840 milliards de dollars avec une croissance annuelle d'environ 15 %.