Plus de questions à se poser sur la tenue ou pas du quatrième festival du film arabe d'Oran, installé y a tout juste quatre ans par son promoteur, le président de la fondation les Fennecs d'or et ex-Dg de la Télé, Hamraoui Habib Chawki. HHC est parti, le festival demeure. Demeure aussi sa fondation dont les membres issus pour la plupart des médias sont tous jeunes et malgré tout ils apprennent le métier d'organisateur parce que, la plupart d'entre eux sont désormais associés de près ou de loin à toutes les festivités du 7ème art. Avec un décalage immense certes, le festival du film arabe d'Oran a ouvert ses portes jeudi dernier sous la houlette d'un autre organisme qui fait pratiquement tout, ARC (Agence nationale pour le rayonnement culturel) dépendant directement du ministère de la Culture, et qui patronné par Orif, dirigeant d'une galerie d'art à Riadh El Feth. Toujours dans la peau d'un empereur passionné de spectacles à son goût et au goût de ses mentors, HHC faisait dans le glamour et le panache, il honnissait le misérabilisme qui dégradait les faiseurs d'images. Pas du tout pareil pour Orif, plus administrateur, moins ostentatoire. Orif a quitté le TRO, lieu emblématique des précédents rendez-vous pour dérouler " son tapis rouge" dans la salle de cinéma Maghreb au boulevard Larbi Ben- M'hidi. D'une pierre deux coups, on célèbre l'inauguration de cette salle récemment rénovée et celle de ce festival dont on gardera dit-on, la date initiale, c'est-à-dire au moins de juillet de chaque année. Panoplie d'artistes, d'intellectuels, de représentants du ministère de la Culture, des autorités foulaient le tapis pour cette cérémonie inaugurale qui s'est faite sans public, car le public était tenu à l'arrière des cordons qui ceinturaient la bâtisse. D'abord, il fallait présenter tout le monde, invités de marque, membres du jury, rendre hommage aux morts et aux vivants avant d'appuyer sur le starter de l'écran. 80 berges, Chafia Boudraa alias Lala Aïni dans le fabuleux El Hariq de feu Mustapha Badie à eu droit à tous les honneurs et ce n'était pas gratuit. Car, elle a brillé dans le rôle de la mère dans le film très controversé " Hors la loi " de Rachid Bouchareb, celui-là même qu'on a choisi de montrer en prime pour démarrer le festival. Son réalisateur lui, est aux Etats-Unis pour promouvoir cet enfant, le booster par tous les moyens pour qu'il soit sélectionné aux très serrés Oscars. " Les Français m'ont surnommée la mère des Algériens, Rachid Bouchareb m'a transformée en mère de l'Humanité." dira t- elle à genou devant le public. Avant cela, il y a eu un hommage pour la comédienne koweitienne, Hayet El Fahd. Absente pour des raisons de santé, elle a dit deux mots au téléphone pour remercier le public. En présence de ses deux rejetons, un troisième hommage posthume a été rendu à Larbi Zekkal, un comédien qui trépassa mystérieusement d'une chute du balcon en octobre dernier.
Place aux projections Le quatrième festival du film arabe se poursuivra jusqu'au 23 décembre prochain, avec à l'affiche en compétition officielle 13 longs métrages et 21 courts. L'enjeu de la compétition qui se déroulera pour chacune des catégories de films sous le jugement de deux jury différents, est l'"Ahaggar d'or", une distinction suprême. Ces œuvres représentent 15 pays arabes dont l'Algérie, Maroc, Tunisie, Liban, Syrie, Qatar, EAU, Irak, Jordanie, Bahreïn, Libye, Oman, Arabie Saoudite, Palestine et Egypte. L'Algérie aura deux places et demi avec le récent long métrage, "Es-saha" (la place) de Dahmane Ouzid, "Taxiphone" de Mohamed Soudani, cinéaste établi en Suisse et les "Palmiers blessés ", une production algéro-tunisienne. Côté courts-métrages algériens on verra pratiquement les mêmes : "Khouya" de Yanis Koussim, "Le dernier passager" de Mounès Khemmar et "Garagouz" d'Abdenour Zahzah. Les jurys des sections "longs-métrages" et "courts-métrages" sont respectivement présidés par le romancier algérien Rachid Boudjedra et le cinéaste et producteur tunisien Brahim Letaïf. En parallèle aux compétitions, il y aura une rétrospective du 7e art spécial pays du Golfe ainsi que deux rencontres, l'une dédiée à "la critique de cinéma arabe" et l'autre au thème "Musique et cinéma arabes", prévues aujourd'hui et demain à la cinémathèque d'Oran. Cinq courts métrages au premier jour Les courts métrages sont par excellence courts, le plus long ne dépassant pas les 30mn, alors au premier jour il y en avait cinq en compétition officielle. Cinq courts projetés vendredi à la cinémathèque d'Oran. Cinq réalisateurs et cinq thématiques du film arabe ont été au centre de ce premier jour. Dans "Obsessions", le Tunisien Amine Chiboub propose au spectateur une histoire surréaliste : Hédi, un agent commercial, s'installe dans son nouvel appartement. Un jour, il découvre un gros bouton rouge installé sur un mur. Intrigué par cet élément étrange, il se pose constamment la question que se passerait-il s'il appuyait sur ce bouton ? "Solo" de l'émirati Ali Djabiri raconte l'histoire d'un musicien marginalisé dans sa société. Il n'arrive pas à faire découvrir aux autres ses talents de saxophoniste. "Le cordonnier "de la saoudienne Ahd Kamal traite du problème de réintégration d'anciens détenus dans la vie normale. Saber est cordonnier. Il rentre chez lui, après avoir purgé une peine de prison on ne sait pour quel motif. Toutes ses tentatives de reprendre sa vie quotidienne ont échouées. "La première leçon " de la palestinienne Arine Amri se déroule en deux temps. Salma, une actrice palestinienne doit quitter sa ville natale d'El Qods pour se rendre en France. Elle ne supporte plus les exactions de l'armée sioniste.Le dernier court-métrage, ''Sharing'' du libyen Salah Eddine Ghuwedr raconte l'histoire d'un frère et d'une soeur, issus d'une famille pauvre. A tour de rôle, ils se partagent l'unique paire de chaussures pour se rendre à l'école. Un jour, ils sautent sur une mine et perdent chacun une jambe. Les prochains jours il y aura "Bitter Days" d'Amjad Al Rasheed de Jordanie, "Aayech" d'Abdellah Al Ayaf , "Savon propre" de Malik Amara, "Partage" de Salah Ghuwerd (Libye), "La marche des crabes" de Hafid Aboulahyane. "Ame perdue" de Jihane El Bahhar (Maroc), "Al menaz" d'Abdellah El Batashe (Oman), "Sabeel" de Khaled El Mahmoud , "Le moulin" de Rami Koudeih et "Selda" de Reine Razzouk (Liban), "Ahmer Bahet" d'Ahmed Hamad (Egypte), "The cage" de Hussain Al-Riffaei (Bahrein), "The unknown lady" de Fajr Yacoub (Syrie) et enfin "Canary" de Abu Ali Mohamed (Bahrein). La seule vedette de ce festival est incontestablement le public, sa réussite en dépend.