Le président auto-proclamé de Côte d'Ivoire monte d'un ton. Laurent Gbagbo s'accroche à la présidence ivoirienne et ses partisans affirment être prêts à livrer un combat à mort pour maintenir leur champion au pouvoir. Aux menaces de sanctions de l'UE, Laurent Gbagbo a répondu en demandant le départ des 10.000 casques bleus de l'Onuci et en attisant le sentiment de rejet de l'étranger chez ses concitoyens. "Il n'y a qu'une seule bataille: assurer notre dignité et garantir la souveraineté de notre pays. C'est à nous qu'il appartient de choisir notre président", a déclaré Charles Blé Goudé, leader des Jeunes Patriotes. "Cette bataille, nous l'avons entamée en 2002. Nous sommes prêts à mourir pour elle", a lancé lors d'un rassemblement de son mouvement celui qui est considéré comme "le général de la jeunesse". Un porte-parole du gouvernement d'Ouattara a pour sa part rappelé que les Nations unies "ne reconnaissaient pas" l'autorité de Gbagbo. "Il y a un seul président, Ouattara, et il a envoyé une lettre à Ban Ki-moon pour lui demander de maintenir en place les forces présentes jusqu'à la fin du processus de paix", a dit à Reuters le ministre Patrick Achi au téléphone. Sur le terrain, la situation est complexe. Depuis jeudi dernier, les affrontements ont fait 50 morts et près de 200 blessés, selon Navi Pillay, Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme. Sans compter "les disparus". La mission des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci) a recueilli des centaines de témoignages de victimes ou de proches faisant état d'enlèvements commis par des individus armés accompagnés par des éléments des forces de sécurité. Près de 5.000 Ivoiriens, craignant de possibles violences après la guerre civile de 2002-2003, ont fui vers l'étranger. De son côté, l'Union européenne a décidé, hier, de sanctionner Laurent Gbagbo, ainsi que 18 autres personnes de son entourage, en les interdisant de séjour sur son territoire, ont indiqué des sources diplomatiques. Un accord sur ce sujet a été trouvé à Bruxelles entre des représentants des 27 pays de l'Union européenne, réunis au sein de deux groupes d'experts sur l'Afrique et sur les relations extérieures. Pour pouvoir entrer en vigueur, il doit encore être validé formellement d'ici mercredi en milieu de journée (délai de quarante-huit heures) par les gouvernements européens par le biais d'une procédure écrite. Les capitales doivent confirmer par lettre qu'elles sont bien d'accord. Vendredi, lors de leur sommet, les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE avaient publié une déclaration commune appelant l'armée ivoirienne à se placer sous l'autorité du 'président démocratiquement élu', Alassane Ouattara. Ils avaient aussi réaffirmé 'la détermination de l'UE à prendre des mesures ciblées contre qui voudrait continuer à empêcher le respect de la volonté exprimée par le peuple ivoirien'. Ces sanctions de l'UE concernent d'une part des restrictions sur l'octroi de visas, d'autre part des gels d'avoirs. 'Dans un premier temps, il a été décidé d'imposer les seules interdictions de visas car c'est plus simple à mettre en place. Les gels d'avoirs viendront mais la procédure est plus lourde', a expliqué un diplomate européen. En Côte d'Ivoire, des violences ont éclaté entre partisans de Laurent Gbagbo et d'Alassane Ouattara, les deux hommes qui se disputent la présidence depuis le scrutin du 28 novembre. Le porte-parole de l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire, Hamadoun Touré, a indiqué dimanche à Abidjan que la structure onusienne a pris des mesures pour renforcer la sécurité de son siège. Pour M. Touré, il s'agit des dispositions pour maintenir de manière permanente la sécurité du quartier général de l'ONUCI. "Nous avons pris des mesures de sécurité d'urgence après que notre siège et une de nos patrouilles eurent essuyé des tirs d'hommes armés habillés en tenue militaire dans la nuit de vendredi à samedi", a-t-il expliqué. "D'ores et déjà, nous nous attelons à redoubler de vigilance", a ajouté le porte-parole, notant que les enquêtes sont en cours pour connaître les auteurs de l'attaque. "L'ONUCI continue les patrouilles", a-t-il énoncé, invitant toutes les parties en conflit dans la crise post électorale à s'abstenir de toute violence.