Zone de libre-échange comme champ de bataille et concurrence menée comme une guerre économique, une guerre qui n'intègre pas de cessez-le-feu, menée jusqu'à la ruine de l'un des adversaires, une ruine génératrice de massification du chômage. Le choix des armes est fait, en plus, par les pays développés. Ce sont eux qui imposent le désarmement de leurs futures victimes. Comme dans une guerre qui s'annonce, ils imposent l'abaissement et même la suppression des barrières de défense douanières pour qu'ils ne rencontrent pas une sérieuse résistance. Transposé au champ économique, c'est presque le cas du désarmement militaire Irakien pour lui enlever les moyens de sa parade. Pour entrer dans un champ de bataille économique, il faudrait d'abord être convaincu que nous disposons des mêmes armes avec la même maîtrise. Or, nous savons que le retard sur les pays développés ne se rattrape pas aussi facilement que le soutiennent ceux qui pensent qu'il suffit d'un programme de mise à niveau pour se placer à égalité de chances et de niveau avec les performances des pays développés. Le retard il ne se rattrape jamais. Oui, jamais. Quelle capacité à nous mettre à niveau lorsque les règles du jeu internationales en matière d'économie de marché ne sont pas faites en collaboration active avec les pays en développement. Ces derniers sont entendus en position de faiblesse, bien après que la décision de les généraliser au monde entier. N'y a-t-il pas une contradiction flagrante entre les objectifs poursuivis par le démantèlement tarifaire et le fait que soit soutenu par les pays industrialisés que les échanges commerciaux favorisent le développement dans le contexte où il est connu que ce démantèlement aggrave les vulnérabilités de l'industrie déjà embryonnaire des pays en développement ? Dans ces conditions, aussi bien les vainqueurs que les vaincus sont connus d'avance. 2020 ne changera rien à 2017. Les vainqueurs sont fatalement les exportateurs des pays développés ainsi que les importateurs des pays en développement, des importateurs privés bien entendu, depuis la fin des monopoles exercés par le secteur public, puisque dans toutes les économies libérales, cela est du ressort du secteur privé. C'est ce que veulent et même imposent les pays riches, les pays industrialisés. Les pays riches savent ce qui les attend, les actionnaires des multinationales se frottent déjà les mains. Les pays en développement savent également ce qui les attend, comme le savent les corrupteurs et les corrompus. Quel pays en développement ne sait pas qu'il risque d'être amené à fermer ses propres entreprises qu'il a eu du mal à mettre en place ? On dit que l'Afrique a besoin de développement durable pour préserver les intérêts des générations futures. Mais, on joue sur les mots. Il faudrait d'abord que les conditions de développement soient réunies pour qu'on puisse penser à son caractère " durable ". Comment ne pas considérer que la domination de l' " économique " va induire fatalement des inégalités dans les pays appelés par respect pays en développement et même dans les pays développés, du moment que c'est le profit qui détermine les comportements ? S'il y a des pauvres dans les pays non industrialisés, il y en a également dans les pays industrialisés, sauf que chez les premiers pèse en permanence la menace de la faim et même de la famine. Les grandes puissances économiques aspirent à gouverner le monde. Elles le dominent en fait et se rapprochent au sein d'institutions financières qu'elles dominent pour apporter des solutions à leurs propres problèmes.