En 2010, les matières agricoles ont connu des plus hauts historiques et la tendance ne semble pas faiblir. En effet, les cours du sucre, du café, du coton, du blé, du maïs, du colza, mais aussi du riz, du soja et du caoutchouc ont atteint des niveaux records sur l'année. Et cette progression s'est même emballée sur le mois de décembre. Les prix du blé, du maïs et du soja ont progressé lors de cette semaine écourtée à Chicago, soutenus par des conditions météorologiques difficiles pour les récoltes, dans des volumes d'échanges très limités à l'approche des fêtes de fin d'année. "Les marchés sont plutôt calmes", a constaté Bill Nelson, de Doane Advisory Services, mais les investisseurs sont tout de même restés attentifs aux prévisions météorologiques, particulièrement en Argentine. Les cultures de l'Argentine mais aussi du Brésil, deux importants exportateurs de maïs et de soja, subissent depuis plusieurs mois un climat sec lié au phénomène climatique La Nina. Elles sont actuellement en pleine phase de pollinisation, à un seuil critique de leur croissance à un mois environ de la récolte. Ces problèmes sont susceptibles d'"amener l'Argentine à revoir en baisse ses prévisions de production de maïs et de soja", a souligné Sudakshina Unnikrishnan, de Barclays Capital. En Australie à l'inverse, le phénomène de la Nina s'est traduit par d'importantes inondations fin novembre et début décembre, qui ont retardé la moisson de blé et dégradé la qualité des cultures. Dans le même temps, la demande en matières premières agricoles restait soutenue, en particulier en provenance de Chine, elle-même confrontée à des problèmes de météo. Les chiffres des douanes publiés dans la semaine ont montré certes un ralentissement des importations en novembre par rapport au mois précédent, mais toujours une forte hausse sur un an. Sur le Chicago Board of Trade, le boisseau (environ 25 kg) de blé pour livraison en mars valait vendredi vers 15H55 GMT/16h55 HEC 7,8350 dollars, contre 7,5675 dollars une semaine avant. Le boisseau de soja pour livraison en mars s'établissait à 13,50 dollars, contre 13,1050 dollars une semaine plus tôt. Le contrat de maïs à échéance mars s'échangeait à 6,0875 dollars, contre 5,9650 dollars une semaine plus tôt. Le prix du coton a plus que doublé depuis janvier et enregistre sa plus forte hausse depuis 1973. De même, le sucre a battu son plus haut depuis vingt-neuf ans. Le café est au plus haut depuis treize ans et le blé a cru de 70% depuis le début de l'année. Le facteur principal de ce Rallye sur les matières agricoles est évidemment la météo. En effet, en raison de la sécheresse de l'été dernier, la Russie, qui est le premier producteur de céréales, a réduit ses prévisions de production de 30%. Il faut ajouter à cela le phénomène climatique Niña, selon lequel les variations de l'océan pacifique entrainent des fortes pluies en Asie du Sud et en Australie ainsi que des périodes arides en Amérique du Sud. L'Inde et le Pakistan ont également connu de fortes pluies, abîmant les récoltes. Néanmoins, les conditions météorologiques ne sont pas les seules responsables de cette envolée. La production agricole est insuffisante face à une demande mondiale qui ne cesse de croître, portée notamment par la Chine.