Près de 14 000 Ivoiriens ont fui au Libéria pour échapper aux violences nées du second tour de l'élection présidentielle, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), qui qui fait état de 'plusieurs morts', de personnes atteintes de paludisme ou de diarrhées parmi les nouveaux arrivants. 'Du fait du nombre croissant [de réfugiés], les besoins humanitaires sont plus élevés pour les femmes et les enfants réfugiés ainsi que pour les villageois qui les accueillent', indique le HCR dans un communiqué. 'Les réfugiés viennent de l'ouest de la Côte d'Ivoire et ils sont obligés de marcher plusieurs heures, voire plusieurs jours, avant de traverser en pirogue de nombreux cours d'eau qui marquent la frontière naturelle entre leur pays et le Libéria.' Selon l'agence onusienne, 'certaines familles ont indiqué avoir marché pendant trois à quatre jours dans la brousse avec très peu de nourriture'. Face à cet afflux de réfugiés, le HCR avertit qu'il risque d'être à court de nourriture. Le Haut commissariat s'inquiète par ailleurs d'informations selon lesquelles certains membres des Forces nouvelles, qui soutiennent Alassane Ouattara, empêcheraient des réfugiés de traverser librement la frontière vers le Libéria. 'Cela oblige les réfugiés des villages de [la région de] Danane de dévier de leur route de près de 80 km vers le sud afin d'entrer au Libéria.' La Commission européenne avait indiqué jeudi qu'environ 11 000 Ivoiriens, dont une majorité de femmes et d'enfants, avaient fui vers le Liberia, la Guinée et le Ghana. Cinq millions d'euros ont été débloqués par la Commission européenne pour faire face à une crise humanitaire dans les pays voisins de la Côte d'Ivoire en cas d'afflux de réfugiés. La communauté internationale ne cesse d'inviter Laurent Gbagbo à céder la place à son rival, Alassane Ouattara, qui a été reconnu comme étant le vainqueur légitime du scrutin du 28 novembre par la communauté internationale. Le président sortant est, depuis la réunion des chefs d'Etats de la Cédéao ce vendredi à Abuja (Nigeria), même sous la menace d'une opération militaire destinée à renverser son régime. Une menace que le gouvernement de Laurent Gbagbo a qualifié ce samedi 25 décembre d'" inacceptable ". Le porte-parole du gouvernement du président Gbagbo a même mis en garde contre un risque de retour à la " guerre civile ". Ahoua Don Mello a également dénoncé " un complot du bloc occidental dirigé par la France ". S'il dit ne pas croire à une intervention militaire, il promet que " le peuple de Côte d'Ivoire va se mobiliser " si une telle intervention était lancée. Le porte-parole Ahoua Don Mello a assuré aussi que le président Gbagbo et son gouvernement étaient ouverts au dialogue mais " dans le respect strict des lois et règles de la République de Côte d'Ivoire ". Une mission de la Cédéao, composée des présidents béninois Boni Yayi, cap-verdien Pedro Pires et sierra-léonais Ernest Koroma, est d'ailleurs attendue mardi prochain à Abidjan comme l'a annoncé ce samedi le ministre béninois des Affaire étrangères, Jean-Marie Ehouzou. Depuis quelques temps, des enlèvements et assassinats de civils sont dénoncés par les organisations de défense des droits de l'homme. Cette semaine, l'ONU a évoqué le chiffre de 173 morts dans le pays entre le 16 et le 21 décembre, 90 cas de tortures ont aussi été relevés, et 24 personnes sont toujours portées disparues.